Jeudi 16 mars, l’ultime édition du quotidien Les Nouvelles Calédoniennes sortait dans les kiosques. Retour sur 54 ans d’actualités locales du seul journal de l’archipel au large de l’Australie, dans l’océan Pacifique. Une liquidation qui peine l’univers de la presse et qui soulève les enjeux de la presse quotidienne régionale dans l’avenir…
Un titre, « Au revoir et MERCI » et une image, celle des 120 employés licenciés. Voilà ce qui restera la dernière image publique du quotidien emblématique du caillou du bout du monde, en Nouvelle Calédonie. Le quotidien Les nouvelles calédoniennes n’est plus, et emporte avec lui une centaine de salariés dans sa chute. Le tout, après 15 709 numéros relatant des crises en tout genre, des actualités si chères aux habitants sans jamais oublier les informations venant de la métropole. Un lien particulier entre journalistes et photographes où la plume de l’un se combine au regard de l’autre pour former une symbiose si propre à la PQR.
Ces derniers jours sur les réseaux sociaux, les rédacteurs sont vent debout pour protester contre cette liquidation. Avec une pointe de nostalgie et un terme qui revient sans cesse : « Les nouvelles calédoniennes sont une famille ». Mais les journalistes sont sans papiers pour écrire leurs articles, les photographes sans place pour diffuser leurs photos et les lecteurs sans journaux pour être au fait de l’actualité, bref… une famille qui n’en a plus le nom.
Sans nouveau modèle, la fin était déjà inévitable en 2021
En avril 2021, la société Melchior, éditrice de longue date du journal, avait été placée sous procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Nouméa. Une situation délicate qui, à l’époque, avait déjà fait grimper les journalistes au créneau. Ces derniers ayant insisté sur leur angoisse de voir un jour leur journal disparaître, « Désormais, un journal de presse écrite ne peut raisonnablement plus équilibrer ses comptes sur une île de moins de 275 000 habitants » expliquaient les journalistes l’an passé dans un numéro spécial.
La presse régionale, pilier fragile de la démocratie locale ?
Selon une récente étude de l’Ifop, 50% des Français déclarent être attachés à leur titre de presse quotidienne régionale. La PQR s’affiche comme un lien essentiel entre les entreprises, les élus et la population. Pourtant, l’équipe des Nouvelles Calédoniennes regrette le faible investissement des politiques et des institutions au moment de se battre pour sauver leur journal. Dernier élément en date, l’absence de la direction et des actionnaires du groupe Melchior au tribunal le jour de l’annonce de la liquidation judiciaire, à Nouméa.
La crise qui touche actuellement les rédacteurs de l’île du pacifique fait resurgir les souvenirs douloureux des liquidations d’autres titres de presse dans des zones isolées. Retour dans l’angoisse du passé, avec une absence de futur sain, un symbole de notre société actuelle.