Qui dit braderie de Lille, dit moules-frites. À la crème, à l’ail ou marinière ce sont plus de 500 tonnes de moules qui sont dégustées chaque année dans la capitale des Flandres. La start-up lilloise EtNISI redonne une seconde vie à ces bivalves traditionnellement enfouis dans les décharges.
Chaque année, la Braderie de Lille attire plus de deux millions de visiteurs et devient, le temps d’un week-end, le plus grand marché aux puces d’Europe. Symbole incontournable : les traditionnelles moules-frites. Ce sont ainsi près de 500 tonnes de moules qui sont dégustées par les touristes, brocanteurs et visiteurs.
Une fois savourées, les coquilles vides tapissent les rues au point de former de véritables montagnes devant les restaurants. Chacun cherche à exposer la plus haute pile de coquilles poussant certains restaurateurs à une rivalité folklorique et bon enfant.
Une fois la fête terminée, que deviennent ces montagnes de coquilles ?
C’est à cette question qu’a voulu répondre Espérance Fenzy, ingénieur généraliste de formation, diplômé de l’école des hautes études d’ingénieurs Junia (HEI) et fondateur de la start-up lilloise EtNISI. L’entreprise s’est donnée pour mission de transformer les déchets destinés à l’enfouissement ou à l’incinération en matériaux durables et esthétiques.
Alors que les coquilles de moules vides sont massivement enfouies, Espérance Fenzy regrette le manque de réemploi de nombreux matériaux. L’entrepreneur s’est lancé dans une démarche d’économie circulaire, en valorisant les déchets locaux, et la coquille de moule s’y prêtait parfaitement. Notamment, avec la création de bancs fabriqués à partir de bivalves issues de la Braderie 2024. « Je suis lillois et je voulais ancrer les gens dans ce qu’on fait. Je voulais une matière qui raconte la vie de Lille et en mangeant des moules frites ça s’est imposé à moi. Je me suis dit qu’avec les moules, on a la matière pour raconter une histoire », nous confie-t-il.

Des bancs composés à 55% de moules recyclées
Installés dans le square Augustin Laurent, situé face à l’hôtel de ville de Lille, ces bancs sont composés à 55% de coquilles de moules recyclées, complétées par des résidus calcaires et de verre collectés dans la MEL. « Le but c’était de continuer à collaborer avec la ville de Lille, au-delà de la matière il fallait trouver des débouchés et c’était assez simple à trouver parce que les mobiliers urbains permettent aux lillois de s’approprier le territoire avec leurs propres matières », explique l’entrepreneur.

Cette année, la start-up a revalorisée cinq tonnes de moules. Ce travail a abouti à une première commande de dix bancs par la mairie de Lille. Au-delà de leur aspect écologique et esthétique ces bancs représentent également un intérêt économique, « la durée de vie de nos lames est beaucoup plus longue que les lames actuelles, ce qui permet à la mairie d’en acheter et d’en installer moins souvent. C’est un vrai bénéfice sur le long terme «, souligne Espérance Fenzy.
Vers de nouveaux horizons pour les déchets transformés
Les coquilles de moules ne sont pas les seules matières travaillées par la start-up. Parmi les autres matières utilisées : de la porcelaine, des pare-brise et même des coquilles d’huîtres. L’ambition d’EtNISI est claire : transformer ce que l’on jette en ressources à valeur ajoutée, tout en racontant l’histoire des lieux à travers leurs déchets.
Fort du succès de ses bancs, EtNISI espère voir fleurir de nouveaux bancs fabriqués à partir des moules dégustées lors de la Braderie 2025, pour le plus grand plaisir des habitants.