À Bruxelles, du Palais des Beaux-Arts à l’Hôtel Solvay, Victor Horta s’est imposé comme l’architecte phare de l’art nouveau. De l’art nouveau est né l’art déco dans les années 1910, en totale rupture. Avec un retour à la rigueur classique. C’est ce mouvement architectural qui fête ses cent ans cette année.
Bruxelles est aujourd’hui considérée comme la ville européenne de l’art architectural. Avec l’art nouveau, l’architecte Victor Horta est l’homme qui a fait entrer la lumière dans les maisons des XIXe et XXe siècle. C’est l’idée maîtresse de son art. Comme l’explique Françoise Aubry, conservatrice du musée Horta « la construction de la maison par Victor Horta avait aussi un but philanthropique, celui d’offrir un lieu d’air et de lumière à ceux qui vivaient dans des taudis ». Ses particularités ? Le fer forgé apparent (grilles, balcons, vitraux), des courbes sinueuses, des motifs naturels (fleurs, plantes, animaux) et des hauteurs sous plafond vertigineuses. Tout, dans l’art nouveau, fait écarquiller les yeux. Sans être opulent et rococo, c’est un art qui semble imaginaire. Les façades des bâtiments, ornementées, sculptées parfois colorées, dénotent avec les maisons en briques mitoyennes. Mais aujourd’hui, il reste peu de témoignages de ce mouvement à Bruxelles
Le basculement vers l’art déco
Après la Première Guerre mondiale, l’art déco s’impose en totale rupture avec l’art nouveau. C’est un art qui « est d’abord apparu avec la révolution industrielle mais qui s’est réellement imposé après la guerre car les gens avaient besoin de renouveau », souligne Cécile Dubois de l’Art Déco Society de Bruxelles. Style géométrique et épuré, formes symétriques, lignes nettes, matériaux luxueux (bois, cuir, tissus), il est plus froid, plus rigide mais tout aussi impressionnant quand on s’y attarde. En traversant les rues, on peut remarquer qu’il s’insère parfaitement dans la ville. Du Palais des Beaux-Arts à la Gare Centrale, il est presque invisible tant il est moderne. L’art déco se trouve à la croisée de différentes influences. Les architectes belges, explique l’historienne, « ont vécu aux Pays-Bas, à Londres, en Allemagne. C’est là qu’ils ont trouvé l’inspiration avec les cités‑jardins par exemple. On observe donc la naissance d’un style art déco propre à nos régions ». L’art déco trouve donc ses origines dans un mélange entre les styles hollandais (modernisme), autrichiens (raffinement), anglais ( jardins).
L’art déco fête ses cent ans
Le 28 avril 1925 s’ouvre l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris. C’est officiel, l’art déco prend son essor. Cette année, Bruxelles le met à l’honneur. Les hôtels particuliers et bâtiments emblématiques ouvrent leurs portes. Pour Cécile Dubois, c’est « l’idée de faire revivre le style en le préservant », mais c’est aussi le retour du vintage comme décoration tendance. Peut‑être vous êtes-vous laissé tenté par la tendance du vintage ces dernières années ? Et si l’art déco infiltrait nos maisons ? « L’art déco et le vintage ne se situent pas à la même époque », explique Hélène Cailleau, ancienne décoratrice d’intérieur. « Mais effectivement, c’est une tendance globale qui revient à la mode malgré le fait qu’il ne reste plus beaucoup de pièces d’art déco en vente aujourd’hui. Certaines marques, comme Maisons du Monde, se sont approprié le style art déco dans certaines de leurs collections, ce qui le rend plus accessible ». Vintage coloré des années 1970 ou style art déco sobre des années 1920, deux tendances qui semblent en séduire plus d’un.
Six lieux à voir
Où voir l’art nouveau ?
- Hôtel Solvay : 224 Avenue Louise, 1000 Bruxelles
- Maison Cauchie : 5 Rue des Francs, 1040 Bruxelles
- Maison Hannon : 1 Avenue de la Jonction, 1060 Saint-Gilles
Où voir l’art déco ?
- Villa Empain : 67 Avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles
- Musée et Jardins Van Buuren : 41 Avenue Léo Errera, 1180 Uccle
- Palais des Beaux-Arts : 23 Rue Ravenstein, 1000 Bruxelles