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    Les César 2024, une édition sous le signe de l’introspection

    Ce 23 février s’est déroulée la 49e édition des César à l’Olympia. Une cérémonie présidée par Valérie Lemercier révélant un chan­ge­ment profond et une véritable intros­pec­tion dans le cinéma français.

    La deuxième vague #MeToo a submergé la cérémonie

    Difficile d’oublier les cris de colère d’Adèle Haenel et Céline Sciamma « La honte ! C’est la honte ! » lorsque Roman Polanski a obtenu le César de la meilleure réa­li­sa­tion en 2020. #MeToo avait fait son appa­ri­tion trois ans plus tôt et avait chamboulé toute per­cep­tion que le grand public pouvait se faire du cinéma, en France comme à l’international.

    Quatre ans plus tard, peu de choses semblent avoir changé. Gérard Depardieu, Richard Berry, Alain Corneau… les scandales éclatent à mesure que les victimes prennent la parole. La dernière en date est Judith Godrèche, actrice révélée dans « Les Mendiants » et « La Désenchantée », qui a brisé le plafond de verre de la « grande famille du cinéma français » en portant plainte contre les réa­li­sa­teurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, au motif de violences sexuelles et physiques qu’elle aurait subies dans son ado­les­cence. Très attendu à l’Olympia, son réqui­si­toire puissant relatant les « deux mains dégueu­lasses posées sur mes seins de 15 ans » a donné le ton de la cérémonie.

    Des discours plus engagés les uns que les autres

    L’actualité nationale et inter­na­tio­nale s’est amplement invitée durant la cérémonie, au fur et à mesure que la pluie de récom­penses s’est abattue. Les équipes du film « Le Règne animal » sont repartis avec cinq récom­penses, dont celui des meilleurs costumes, devenant ainsi le premier film contem­po­rain à recevoir ce prix. Également lauréat du meilleur son, l’équipe a rappelé la situation cli­ma­tique : « Pour la première fois de notre carrière, le tournage a été inter­rompu par les mégafeux. Il faut que les poli­tiques sortent de leur déni ».

    Côté récom­pense indi­vi­duelle, Adèle Exarchopoulos, lauréate du César du meilleur second rôle féminin dans « Je verrai toujours vos visages » a choisi de mettre en lumière les « gens qui essaient de réparer l’autre et la société avec les moyens qu’ils ont » tandis que Raphaël Quenard, révé­la­tion masculine de l’année a évoqué la situation des agri­cul­teurs, remer­ciant les « gens qui tra­vaillent chaque jour pour remplir nos estomacs avec des bons fruits, des bons légumes, des bonnes céréales ».

    Enfin, l’ex­pres­sion « une image vaut mille mots »  a pris tout son sens durant la soirée. Plusieurs per­son­na­li­tés comme Bastien Bouillon, Audrey Diwan ou encore Dali Benssalah ont porté un étrange pin’s rouge. Montrant une main orange avec un cœur noir sur fond rouge, ce pin’s est une ini­tia­tive du collectif Artists4Ceasefire, un groupe d’ar­tistes exigeant la fin des bom­bar­de­ments à Gaza ainsi que la libé­ra­tion des otages. Joignant le geste à la parole, la réa­li­sa­trice Kaoutcher Ben Hania, gagnante du César du meilleur docu­men­taire, a déploré « un premier massacre en live-​screen, en direct sur nos télé­phones ». Arieh Worthalter, César du meilleur acteur pour « Le Procès Goldman », s’est également joint à l’appel pour un cessez-​le-​feu, « la vie le demande, celle des Gazaouis et des otages, parce que nous sommes unis en tant qu’espèce ».

    « Anatomie d’une chute » est inarrêtable

    Avec main­te­nant six César à son actif (meilleur film, meilleure actrice, meilleure réa­li­sa­tion, meilleur montage, meilleur scénario original et meilleur acteur dans un second rôle), six sta­tuettes aux European Film Awards, deux Golden Globes, un prix Goya ou encore un BAFTA Awards, « Anatomie d’une chute » n’a plus rien à prouver. Sa réa­li­sa­trice est devenue la deuxième femme lauréate du César de la meilleure réa­li­sa­tion, mais également la troisième réa­li­sa­trice de l’histoire à avoir décroché une Palme d’or à Cannes. Dans son discours de remer­cie­ment très engagé, elle a tenu à dédier sa récom­pense à « toutes les femmes […] à celles qui réus­sissent et celles qui ratent, celles qu’on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n’y arrivent pas ».

    Le film de Justine Triet a désormais toutes ses chances de repartir gagnant aux Oscars le 10 mars prochain.

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