Le Grand-Duc a remis le Prix de l’inclusion numérique, en présence du ministre délégué à la Digitalisation, Marc Hansen. Parmi les sept lauréats se trouvait GoldenMe : une ASBL qui propose de créer des tutoriels vidéo destinés à aider les personnes moins à l’aise avec la technologie.
« Nous sommes extrêmement fiers de recevoir pour la deuxième fois cette récompense », se réjouit la cofondatrice de GoldenMe, Mara Kroth. « Cela témoigne de la valeur de notre travail et renforce notre engagement à défendre l’inclusion numérique pour une société plus accessible », ajoute-t-elle.
Le projet qui a cette fois-ci conquis le cœur du ministère de la Digitalisation vise à créer des tutoriels vidéo professionnels destinés à être partagés sur les réseaux sociaux, dans le but d’apporter de l’aide aux individus moins à l’aise avec les nouvelles technologies numériques.
Cependant, pour en arriver là, l’ASBL a traversé de nombreuses péripéties. Rembobinons.
Lutter contre l’isolement social
L’histoire de GoldenMe commence en 2020, dans les locaux de l’Université du Luxembourg, grâce au programme d’incubation et d’entrepreneuriat de la faculté. « À l’origine, notre objectif était d’aider les personnes isolées dans la société », explique Mara Kroth. « J’ai eu cette idée suite au décès de mon grand-père, ce qui a laissé ma grand-mère complètement seule », poursuit-elle.
L’association a ainsi développé une plateforme qui offre aux utilisateurs la possibilité de tisser des liens à travers des activités partagées. « Nous avons connu un franc succès, mais malheureusement, l’arrivée de la pandémie a tout chamboulé… », raconte Mara Kroth.
Malgré la crise sanitaire, la détermination des jeunes entrepreneurs ne faiblit pas. Ils s’adaptent et transforment leur concept de plateforme pour maintenir les interactions entre les utilisateurs à la sauce Covid, autrement dit en ligne. « Mais, surprise, surprise », de nombreuses personnes ne maîtrisent pas les subtilités des outils numériques.
Depuis la pandémie, la digitalisation a connu une croissance fulgurante, ce qui a laissé de nombreuses personnes âgées en marge de la société en raison de leur manque de compétences dans le domaine. GoldenMe a finalement changé de cap pour faire face à cette problématique et apporte désormais un soutien à ceux qui éprouvent des difficultés avec les nouvelles technologies.
Une idée forte de café
Afin de venir en aide à ces individus, l’équipe de GoldenMe a créé un réseau de « smartphone cafés » intergénérationnel dans plusieurs communes du pays. Le concept est simple : les personnes qui ont des questions ou des problèmes avec leur smartphone peuvent s’y rendre et obtenir des réponses à leurs interrogations, ainsi que des astuces et des conseils pratiques.
« Lors de nos échanges, nous avons rapidement réalisé que nous ne traitions qu’une partie du problème », explique Mara Kroth. « Nous nous concentrions uniquement sur les personnes en extrême difficulté.»
Il existe cependant des personnes qui possèdent les connaissances de base en matière d’outils numériques, mais qui restent désemparées dès qu’un problème survient. « C’est le cas de ma mère, qui se débrouille avec Facebook, ses e‑mails et même le web banking. Mais dès qu’elle reçoit du phishing, elle me le transfère et me demande quoi faire », partage-t-elle en rigolant.
Cette partie de la clientèle ne fréquentera jamais les cafés, mais puisqu’elle est déjà légèrement connectée, il est possible de l’atteindre grâce aux réseaux sociaux. « Les réseaux sociaux ne se limitent pas uniquement à du contenu divertissant, ils peuvent aussi fournir du contenu éducatif », souligne Mara Kroth.
Un apprentissage dynamique via les réseaux
Arrive enfin le projet qui a de nouveau retenu l’attention du ministère de la Digitalisation numérique, qui a choisi de le soutenir financièrement : des dictaticiels vidéo professionnels à partager sur les plateformes de médias sociaux destinés aux personnes en phase post-carrière de leur vie, qui couvrent divers sujets numériques tels que la sécurité en ligne contre les cyberattaques (sécuriser ses mots de passe, e‑mails de phishing/fraude), la fonctionnalité des QR codes, les méthodes de paiement en ligne, etc.
Le projet cible principalement les personnes âgées de plus de 55 ans, mais tout le monde aura accès aux contenus proposés. Le réseau social privilégié pour l’initiative sera Facebook, car la majorité de cette tranche d’âge est présente sur le bébé de Mark Zuckerberg. Instagram et TikTok sont davantage fréquentés par les jeunes, tandis que la plupart des utilisateurs de LinkedIn possèdent déjà une certaine maîtrise des outils numériques.
« Les vidéos seront dynamiques et les membres joueront un rôle essentiel dans leur réalisation », explique Mara Kroth. « Cela permettra aux plus âgés d’utiliser des termes qui seront mieux compris par des personnes de la même génération. Et puisqu’ils expliqueront la vidéo, ils auront d’abord assimilé le sujet, ce qui prouvera qu’ils ont bel et bien compris le sujet », analyse-t-elle.
Les points abordés évolueront au fur et à mesure des avancées technologiques, mais pour commencer, ils seront inspirés des discussions tenues lors des « smartphone cafés ».
« Pour la suite ? Pourquoi ne pas réaliser des vidéos plus approfondies sur YouTube ? », propose Mara Kroth. « Nous souhaitons étendre nos services aux communes et à la Grande Région. Puisque le Luxembourg est multilingue, nos services pourraient être utiles aux pays frontaliers. Mais pour le moment, notre priorité est de développer un solide réseau au Luxembourg et de constituer une belle équipe de bénévoles », conclut-elle.