Lille se souvient. Ce mercredi 11 septembre, une cérémonie s’est déroulée à la gare Saint-Sauveur pour honorer la mémoire des 600 juifs arrêtés dans le Nord-Pas-de-Calais en 1942. Cet événement, marqué par une rafle antisémite, a conduit à la déportation de centaines de personnes vers le camp d’Auschwitz.
La cérémonie de ce 11 septembre, qui a réuni une centaine de personnes, a été présidée par Martine Aubry. La maire de Lille a prononcé un discours sur la responsabilité collective de préserver la mémoire de ces événements tragiques. « Ces commémorations nous permettent d’empêcher que l’innommable se reproduise », a‑t-elle déclaré. En 1942, parmi les familles raflées, 74 enfants avaient entre trois mois et dix-sept ans. Environ soixante personnes, grâce au courage des cheminots et des habitants du quartier de Lille-Fives, ont réussi à échapper à ce terrible sort. « À l’école, on parle de la Seconde Guerre mondiale, mais il ne faut jamais oublier au milieu l’horreur de la Shoah, et en parler en tant que telle », a continué la mairesse en s’adressant aux enfants présents.
Un devoir de mémoire pour tous
Les élèves de l’école Victor-Duruy, en classes de CM1 et CM2, ont été les principaux acteurs de cette commémoration. « Ils sont tous là pour lire le nom d’un enfant qui a été déporté », indique Christelle Lépine, leur maîtresse. Ce moment solennel a été précédé en classe par un moment de sensibilisation sur la Shoah. Les enfants, en file, se sont avancés tour à tour pour énoncer les noms des jeunes victimes, leurs voix résonnant dans un silence lourd de sens. Parmi les adultes, Jacques, fils de déportés, tenait aussi à être présent : « C’est important pour moi d’être là, je viens chaque année. Ma maman a été arrêtée le 4 février 1944 et déportée au camp d’extermination de Bergen-Belsen en Allemagne, où il y avait Anne Frank », confie-t-il avec émotion.
Des pavés, pour ne pas oublier
L’après-midi a été marquée par une autre initiative mémorielle : la pose de Stolpersteine, des pavés de la mémoire, devant les dernières adresses des déportés. Deux ont été installés rue de la Paix‑d’Utrecht en hommage à Chaja et Jonas Radoszycki. « Nous avons déposé cinq Stolpersteine en 2023 et cette année nous en disposerons une quinzaine », rappelle la maire, soulignant que le nom du pavé vient du mot stolpern, qui signifie trébucher, ici symboliquement.