L’Affranchie a lancé un appel à soutien vendredi 20 septembre sur ses réseaux sociaux. La situation financière de la librairie féministe est dans le rouge. La responsable, Soazic Courbet, appelle à l’aide les habitués de la librairie nichée au cœur du quartier Sébastopol.
« Pour la première fois j’ai peur pour L’Affranchie. » Il y a cinq jours, Soazic Courbet s’est confié sur le compte Instagram de la librairie qui « survit » depuis douze ans. Avec Lucie, son associée, elle se bat pour leur SCOP (société coopérative de production). Depuis quelques mois, la situation financière s’est considérablement dégradée. « On n’a pas les moyens de payer nos factures. La banque nous a un peu aidées mais notre découvert autorisé vient de se terminer », avoue Soazic Courbet à sa communauté. L’Affranchie est à l’arrêt : la petite boutique ne peut plus passer commande auprès de certains fournisseurs et les stocks s’amenuisent. Avec un chiffre d’affaires de 300 000 euros en 2023 ainsi qu’un loyer mensuel de 2 600 euros, L’Affranchie lutte pour rester à flot. Sur Instagram, les deux salariées au SMIC demandent une aide financière de 150 000 euros.
10 000 euros en quatre jours
« Nous nous accrochons très fort », affirme la responsable sur les réseaux sociaux. Soutenue par la Région Hauts-de-France, la librairie féministe souhaite « rester cohérente avec [ses] valeurs », au risque de faire l’impasse sur davantage de subventions. Soazic Courbet a retrouvé le sourire au milieu des allées de livres ce mercredi 25 septembre. Pas de financement participatif ni de crowdfunding, la responsable a misé sur un appel à la solidarité des habitués. « Si chacun.e d’entre vous nous achète un livre on est sauvées. C’est facile dit comme ça non ? », a‑t-elle demandé à ses 14 700 followers sur Instagram. Casque pendant, une jeune enseignante constitue une pile de livres à destination de sa classe. « C’est encore plus important de venir après leur appel à soutien », reconnaît la cliente. Et elle n’est pas la seule. La réponse de la communauté a été rapide. En quatre jours, L’Affranchie a récolté plus de 10 000 euros. Quant à son chiffre d’affaires, il a atteint 6875,98 euros dimanche 22 septembre. Avec une telle mobilisation, Soazic Courbet a un objectif : « Ce serait super si en 2025 on sortait des rustines ».
Uniquement des œuvres féministes
Ses grandes baies vitrées laissent transparaître l’univers coloré de L’Affranchie. « Ultra féministe », « Amour » peut-on lire sur les affiches qui décorent les murs de la librairie féministe. Disposés sur des étagères et tables en bois, la boutique pro- pose des centaines de livres d’auteurs et autrices évoquant des sujets divers autour de la femme : « Cinéma », « Musique », « Corps » ou encore « Érotisme ».