La ligne de métro 1 sera totalement fermée le dimanche 10 et le lundi 11 novembre. La cause ? Des tests sur un nouveau système de pilotage automatique, avant sa potentielle mise en service. Ce désagrément vient s’ajouter à la longue liste de retards et aux rames pleines en heure de pointe qui perturbent le trajet des usagers depuis la mi-août.
Sur le papier, Alstom et la MEL (Métropole Européenne de Lille) ont acté en 2012 la nécessité de moderniser et d’augmenter les rames sur le métro 1 de Lille. Objectif en 2016 : 43% de places en plus. Une commande est signée : 266 millions d’euros pour 27 rames de 52 mètres, le tout fonctionnant avec un système de pilote automatique « révolutionnaire ».
Pour les Lillois, c’est une promesse de longue date, qui ressemble maintenant à un doux rêve. Le projet a été repoussé à 2019, puis à 2022, jusqu’en 2023, sans date plus précise aujourd’hui. « Le problème c’est le système de pilotage automatique » selon la MEL. À chaque test effectué, ce serait plus de cinquante anomalies qui bloquent le déplacement automatique du métro.
La MEL et Alstom se rejettent la faute l’une sur l’autre
Le 27 novembre 2023, plus de dix ans après le lancement du projet, la MEL saisit le tribunal administratif de Lille. Elle attaque Alstom en justice pour être « à l’origine de 10 ans de retard dans la modernisation du métro de la ville ». La MEL va même jusqu’à alerter sur les nombreux contrats sur lesquels Alstom accumule des retards avec « de nombreuses collectivités et entreprises publiques françaises, à commencer par la SNCF et la RATP », et dénonce la position de « quasi-monopole » de l’entreprise sur son secteur de marché. Autre problème soulevé également : la situation financière d’Alstom. Au 31 mars 2024, l’endettement net du groupe s’élevait à 2994 millions d’euros.
En face, les arguments d’Alstom s’imposent en recours. En premier lieu, le tribunal administratif de Lille a rejeté toutes les demandes de la MEL. Il a ensuite confirmé que la MEL était l’unique responsable de la situation d’urgence de remplacement des rames dont elle essaierait de faire porter la responsabilité à Alstom. Vis-à-vis des retards pris sur le projet initié en 2012, Alstom clame également que leur principale cause a été la rupture logistique liée à la crise COVID. De plus, 47 millions euros d’amendes ont déjà été payés à la MEL à cause de ces mêmes retards.
La goutte d’eau de trop qui fait déborder le train
Parmi les passagers habitués aux rames pleines en heure de pointe, l’annonce d’un blocage le 10 et 11 novembre est mal reçue. Pour ne pas bloquer totalement le trafic des transports en commun, Ilévia mettra à disposition des bus pour desservir les usagers de la ligne de métro 1. « Ça ne m’arrange pas, et on s’entassera les uns sur les autres le matin, mais au moins ça dépanne », nous témoigne Candice. « Cependant ce serait bien que Ilévia réalise qu’elle monte ses prix alors que tout se dégrade pour nous ».
Étudiante, Enora est loin d’être contrariée puisque le 11 est férié. Cependant Alain, qui prend chaque jour le métro pour se rendre à son travail, déplore cette situation : « c’est déjà pas mal qu’ils aient pensé à mettre ça sur un bout de week-end et un jour férié ! Malheureusement il y en a qui bosse ces jours-là ».