Depuis des années, les associations humanitaires et les autorités s’affrontent autour de la gestion des camps de migrants. Tandis que l’état multiplie les mesures pour empêcher les installations et dissuader les traversées, les associations, comme Utopia 56, dénoncent les conditions de vie difficiles et l’insuffisance d’aide humanitaire sur le terrain. Au cœur de ce bras de fer, chaque camp défend sa vision de la gestion de la crise migratoire.
Des échanges tendus avec les institutions
« Calais ça fait 30 ans que c’est militarisé, et maintenant c’est toute la côte d’Opale ». Les associations humanitaires comme Utopia 56 déplorent les actions violentes et les destructions de camps toutes les 48 heures par les policiers. Les lieux de vie sont nettoyés par des CRS, les tentes souvent confisquées, et les migrants dispersés. « On se bat pour une simple cuve d’eau aujourd’hui, alors qu’avant, c’étaient des hébergements d’urgence qu’on réclamait », confie Axel. Le Nord-Pas-de-Calais représente pour l’État un enjeu central en matière de gestion des frontières et de contrôle de l’immigration. En parallèle du renforcement de l’arsenal sécuritaire, les forces de l’ordre adoptent depuis 2016 la stratégie dite du « zéro point de fixation » afin d’empêcher et de décourager les personnes exilées de s’installer durablement. Même s’il est difficile d’obtenir une réponse de la préfecture sur ses actions contre les personnes exilées, le préfet Jacques Billant s’est exprimé le 15 septembre dernier à la suite d’un nouveau drame survenu sur les côtes d’Ambleteuse. Malgré l’intervention des secours, le naufrage a fait huit morts. Pour le préfet, « la pression est très importante sur l’ensemble du trait de côte dans les départements du Nord ». Selon lui, la responsabilité repose sur les réseaux de passeurs « qui font courir de plus en plus de risques aux personnes à qui ils vendent des traversées sur une mer dangereuse dans des embarcations totalement inadaptées ». En effet, « les embarcations sont très souvent surchargées, de mauvaise qualité, sous-gonflées, sans plancher, sous motorisées et sans gilet de sauvetage pour tous les occupants », rappelle Jacques Billant.
La lutte du département contre les passeurs
Le préfet précise que 1700 policiers et gendarmes sont mobilisés sur tout le littoral « pour empêcher les départs qui conduisent inévitablement à des drames ». Il a souligné une augmentation significative des interpellations cette année, avec une hausse de 15 % par rapport à l’année dernière. Depuis janvier, 238 passeurs ont été interpellés en flagrant délit, dont 10 entre le 12 et le 15 septembre. Dans cette lutte, 20 filières d’immigration irrégulière ont été démantelées par l’OLTIM, les services spécialisés dans la région. Cela a mené à l’arrestation de 77 personnes, dont 59 ont été déférées. « Sachez que nous ne lâcherons rien et continuerons jour et nuit à nous mobiliser pour tenter de préserver la vie de ces populations vulnérables » a déclaré le préfet, rappelant l’engagement des autorités face à ce drame humanitaire.