En 2016, l’association L’Envol crée La Classe Départ, un projet qui, grâce aux diverses pratiques artistiques, aide les jeunes en décrochage scolaire et professionnel à retrouver leur voie. Décryptage de l’initiative avec Gaétan Homerin, son chargé de développement.
« Ils arrivent chez nous lorsque les dispositifs plus classiques d’insertion ne fonctionnent pas”. Chaque année, ils sont une quinzaine à intégrer la Classe Départ, projet créé par l’association L’Envol en 2016. L’initiative dont le but est la réinsertion sociale guide et encadre les jeunes de 18 à 24 ans en décrochage scolaire et professionnel, par le biais des arts de la scène.
Gaétan Homerin, chargé de développement de l’association, précise : “lorsque ces ruptures sociales, scolaires et familiales sont trop importantes, nous intervenons avec les dispositifs artistiques”. Sept mois par an, 24 heures par semaine, ces jeunes, venant des milieux prioritaires sont encadrés par les artistes professionnels qui leur apprennent la danse, le théâtre, le chant et l’écriture – tout cela dans des conditions réelles. « On leur apprend quelque chose qui est valorisant, et qui peut paraître moins contraignant que le travail classique. À la fin, les jeunes gagnent en « soft-skills », des compétences recherchées par les employeurs,” s’enthousiasme M. Homerin.
À la fin de l’année, les jeunes et leurs encadrants préparent un spectacle, joué sur une des grandes scènes de leurs régions. La pièce de théâtre est censée refléter leurs parcours et susciter une réflexion sur le chemin qu’ils ont traversé.
Un projet républicain
L’initiative ne se résume pas à l’apprentissage via les arts de la scène. Les après-midis, les participants assistent aux projets de la citoyenneté, animés par les partenaires de dimension sociale. Ces premiers sont amenés à intervenir dans les EHPAD, les écoles et d’autres milieux sociaux, où ils interagissent avec les différents publics, créant un lien via la mise en scène.
Les jeunes participent également à des projets environnementaux, car le développement durable est au coeur de la Classe Départ. « C’est un projet très républicain, dans le sens philosophique. Nous faisons des jeunes des citoyens éclairés, critiques. Grâce à ces interventions de citoyenneté que nous développons ensemble, ils sont amenés à se positionner sur les sujets de la société”.
Les classes privilégient une diversité en matière de parcours et de sexes. “Nous exigeons une parité hommes-femmes et essayons de trouver des jeunes venant des milieux prioritaires variés. Cela afin d’éviter de les enfermer au sein des mêmes problématiques. Il faut avoir une forme d’émancipation au sein même du groupe, on axe tout sur le dépassement de soi”. Et du “dépassement de soi”, il y a. Selon les statistiques fournies par L’Envol, 80% des jeunes ayant complété la Classe Départ, arrivent à se réinsérer dans le mieux scolaire et professionnel. Avec leurs nouvelles compétences et une vision beaucoup plus positive de leur avenir, ils trouvent un stage voire un poste de travail assez facilement. “Même les jeunes qui n’ont pas trouvé un job tout de suite après la sortie du projet – un phénomène notamment prononcé pendant la crise sanitaire – ont réussi à se réinsérer dans la vie scolaire ou professionnelle au bout de quelques années. La réussite à long terme est là. On arrive à planter une graine et ces valeurs restent présentes ».
Actuellement, plusieurs Classes Départ continuent à opérer dans le Nord-Pas-de-Calais, la région d’origine de l’association, ainsi qu’en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte‑d’Azur. Mais le projet de L’Envol c’est de créer des initiatives semblables à la Classe Départ partout en France, en collaborant avec leurs partenaires de mission. L’association a pu débuter cet essaimage par franchise sociale, grâce la fondation la France s’engage, dont elle était lauréate en 2019. Le projet sera adapté aux besoins des différents territoires, mais le principe reste le même : aider le plus de jeunes à se réinsérer dans la société, dont ils font indéniablement partie.