Malgré un quotidien périlleux, tous les jours, certains réfugiés viennent profiter d’un moment d’accalmie chez Brigitte Lips, alias “Mamie Charge“.
Dans la cour intérieure d’une maison, une cinquantaine de personnes discutent et plaisantent autour d’une boisson chaude. Ces hommes ont fui la guerre dans leurs pays d’origine et cherchent maintenant à rejoindre le Royaume-Uni, dans l’espoir d’une vie meilleure. Trois fois par jour, Brigitte Lips leur ouvre les portes de son garage pour leur apporter un peu de réconfort.
« Quand un homme de plus de 40 ans vous dit qu’il a faim, moi ça me fait mal. Chez moi, il y a toujours quelque chose à manger et des vêtements secs. »
Mais si les réfugiés se pressent tous les jours devant le portail de Brigitte, c’est surtout pour pouvoir recharger leurs téléphones. Avec une organisation millimétrée, une bonne mémoire et un réseau électrique à toute épreuve, elle leur permet de conserver de la batterie, un geste banal, mais vital pour ces personnes isolées.
« Leur téléphone c’est toute leur vie. Aujourd’hui j’ai eu 53 personnes qui sont venus pour recharger. C’est énorme pour un particulier. J’ai l’impression qu’il sont de plus en plus à venir. »
L’année dernière plus de 70 personnes sont mortes en tentant la traversée vers le Royaume-Uni, dans des conditions plus que précaires. « Parfois il fait ‑3 voir ‑4°C quand j’ouvre mon garage le matin, et ils arrivent avec de l’eau jusqu’aux genoux. Si moi je ne sens plus le bout des doigts à l’intérieur, imaginez ce qu’ils ressentent à ce moment-là. »
Mais certains instants viennent ensoleiller les journées de Brigitte :
« Si vous sortez un ballon maintenant, c’est la folie ! (rires) Quand je leur offre une paire de chaussures neuve, ils repartent avec tout fiers, comme des enfants… Celui-là c’est un peu comme un fils pour moi. Quand des gens leur demandent, ils disent que je ne suis pas leur mère, mais que c’est tout comme, c’est touchant. »