Avec une politique migratoire de plus en plus rigide, Bruxelles devient un refuge. Tandis que les capacités d’accueil sont saturées, des associations comme le SIREAS offrent un soutien social, juridique et psychologique aux personnes exilées, confrontées à un avenir incertain.
« Les structures d’accueil en Belgique sont pleines, alors ne venez pas ici. » Cette déclaration d’Anneleen Van Bossuyt, la ministre belge de l’Asile et de la Migration, membre du parti politique nationaliste flamand NVA, donne le ton. Dès son entrée en fonction, l’exécutif fédéral s’est engagé à appliquer « la politique migratoire la plus stricte possible ». Une décision en partie motivée par la hausse des demandes d’asile enregistrée depuis la fin de la pandémie de Covid-19, notamment en provenance du Cameroun et de la Guinée. Actuellement, plus de 2 500 demandeurs sont en attente d’une place d’hébergement, faute de capacités suffisantes.
Un droit au logement bafoué
En réaction à cette volonté de politique migratoire stricte, des ONG comme Amnesty International dénoncent une « violation des obligations du pays découlant du droit international, européen et belge ». Le droit à un logement convenable est en effet reconnu comme faisant partie du droit à un niveau de vie suffisant, dans l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et dans l’article 11.1 du Pacte international. Or, « les autorités belges continuent de priver d’accueil des milliers de personnes demandeuses d’asile, les forçant à rester sans logement », signale l’ONG. À l’image du contexte migratoire français, la Belgique est à son tour confrontée à une crise humanitaire.
Bruxelles, ville d’ancrage pour les personnes exilées
Contrairement aux exilés de la frontière maritime calaisienne, qui cherchent à poursuivre leur route vers le Royaume-Uni, ceux qui arrivent en Belgique souhaitent s’y établir. En témoigne Amir, jeune Afghan de 34 ans, installé à Bruxelles depuis 5 ans. « Ce que je cherche avant tout, c’est un endroit où je peux vivre sans avoir peur. En Afghanistan, nous vivions, mais les talibans ont détruit tout ce que nous connaissions. Je suis venu ici pour reconstruire ma vie, pour pouvoir travailler, étudier, et offrir un futur à mes enfants », partage t‑il avec émotion à Contrepoint.

Le renfort des associations
Pour accompagner les personnes exilées dans leurs démarches, des associations se mobilisent, notamment pour « les demandes de visa et les regroupements familiaux », explique Fralo, étudiant en master Migration parcours transnational. Parmi elles, le SIREAS s’est donné pour mission de fournir « un soutien adapté aux personnes en difficulté sociale, en particulier aux réfugiés et immigrés ». Engagé dans l’aide juridique de l’association, l’étudiant a démarré son stage sans connaissance théorique préalable. Aujourd’hui, il assiste aux permanences juridiques pour se former. Lors de ces assistances, le jeune homme analyse des auditions du CGRA (Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides), reconstitue des parcours migratoires et traque d’éventuelles incohérences. « Beaucoup de procédures sont floues. On doit tout justifier avec la jurisprudence. Petit à petit, je me constitue une base de références », raconte t‑il. Bien que les dossiers s’étalent sur des années, il tient à maintenir un lien avec les exilés. « On accompagne tous les aspects de leur vie. Même si on ne les voit pas tous les jours, on reste très présents pour eux ».