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    Il y a 30 ans, un tueur fou semait la panique à Mouscron

    Été 1992, la ville de Mouscron à la frontière franco-​belge est le théâtre d’un glaçant fait divers. Plusieurs agres­sions sont causées par « le tueur fou ». Un ado­les­cent sera assassiné, dans une cité où la psychose règne. Mieux, l’un des actes s’est même déroulé sur un lieu de tournage de « C’est arrivé près de chez vous ». 

    Vendredi dernier, le Festival International du Film de Comédie de Liège a mis à l’honneur un classique du cinéma belge : C’est arrivé près de chez vous. Le long-​métrage de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde souffle ses 30 bougies.
    Pour l’occasion, revenons sur le fait-​divers qui, quelques mois après la pro­jec­tion du film au Festival de Cannes, plongeait la ville de Mouscron dans une psychose.

    Plusieurs agres­sions, un ado­les­cent décédé

    Tout se passe à l’été 1992. La ville de Mouscron, accolée à Tourcoing, est décrite comme paisible. Si 60 000 âmes l’habitent, la cité des Hurlus est dynamique grâce à la frontière franco-​belge. Chaque soir du mois d’août, les bars sont pleins et la douceur des mercures n’y est pas étrangère. Le quartier du Nouveau-​Monde ne fait pas exception…Le 12 août, une Bruxelloise de 25 ans passe la soirée dans un café du quartier, entourée d’amis. Il est 23 h 30, l’heure de rentrer. Elle emprunte la rue du Levant, quand soudain, une forte douleur se répand dans son dos. Souffrante et sans n’avoir rien vu, elle a pour réflexe de retourner dans le bar, en sang. Blessée par balle, elle sera fina­le­ment sauvée, grâce à une lourde opération.
    Une enquête est immé­dia­te­ment ouverte, mais en vain. Seule une cartouche arti­sa­nale de revolver est retrouvée sur le trottoir. Côté police, on pense à un règlement de compte.

    Mouscron est fron­ta­lier à la métropole lilloise. © Google Maps

    Douze jours passent, il est 2 heures du matin. Un ado­les­cent de 16 ans, employé dans un bar, quitte son travail. Il traverse un Mouscron désert pour regagner le domicile familial. Ses parents ne le reverront jamais… il est abattu lâchement dans la rue. Son agresseur se trouvait dos à lui, une balle atteint sa nuque.
    Sur place, aucun témoin oculaire. Seul le coup de feu a été entendu. Comme douze jours plus tôt, la victime homme n’avait « pas d’ennemie », mais une munition arti­sa­nale a été retrouvée sur le trottoir.

    Lieu de tournage et de crime

    Immédiatement, la terreur s’installe, un « tueur fou » ère dans la ville. La nuit tombée, les com­mer­çants ferment leurs rideaux, plus personne n’ose sortir. Mouscron est désert, confiné.

    Le 11 septembre, le « tueur fou » resurgit. Il pénètre dans une maison dans le quartier du Bois Fichaux, et menace l’hôte. La mère de famille, cachée dans une chambre, parvient à appeler la police. L’individu tire à travers la porte et blesse sa cible dans le bas du dos. Encore une fois, la balle est bien artisanale.

    La scène du « Gamin » a été tournée dans cette villa. © C’est arrivé près de chez vous

    Très vite, une nouvelle s’empare des médias : la villa en question a servi au tournage de C’est arrivé près de chez vous. Le long-​métrage y suit Benoît Poelvoorde… incarnant un tueur en série. Pour beaucoup le lien est tout fait, le tueur fou est un psy­cho­pathe s’inspirant du film sorti quelques mois plus tôt. Par sécurité, les cinémas sont sur­veillés, des planques dans les salles sont même effectuées.

    La lettre de « Fantomas »

    Cinq jours plus tard, le com­mis­sa­riat de Mouscron reçoit un courrier anonyme. L’auteur se déclare être le tueur fou, et annonce que de pro­chaines victimes sont à prévoir. En bas de la feuille blanche, la signature « Fantomas » est inscrite. Pour, un peu plus narguer les policiers, une cartouche arti­sa­nale est glissée dans l’enveloppe.

    Une erreur, qui causera sa perte. Les enquê­teurs, alliés à La Poste par­viennent à iden­ti­fier l’endroit d’où a été expédiée la lettre. Sur place, un plan de la ville est retrouvé, avec tout le matériel néces­saire à la création de munitions.
    Arnaud Degezelle, déjà connu des services de police, est arrêté. Âgé de 17 ans, il avait plus jeune été exclu de son école, après avoir tenté d’empoisonner des camarades de classe.

    Le sourire du tueur choque les journaux. © Le Courrier de l’Escaut

    Après une analyse ADN, l’adolescent avoue, sans pour autant exprimer aucun remords. Ses propos froids, teintés de fierté et sourire aux lèvres, choquent les membres de la Cour d’assises. Condamné à la réclusion à per­pé­tuité, il meurt en 2012 dans la prison d’Andenne, d’une overdose.
    La ville de Mouscron restera à jamais marquée par cet été 1992. C’est arrivé près de chez vous aussi, même si jamais, le tueur n’aura reconnu avoir imité le film.

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