Selon Le Figaro, plus de 52 000 migrants auraient traversé la Manche au cours de l’année 2021. Les villes du Nord de la France qui permettent le passage vers l’Angleterre sont débordées, incapables de gérer correctement la crise sociale et démographique qui se trame sur leur territoire. La situation migratoire demeure plus que préoccupante. En dehors du problème d’organisation territoriale, la crise incarne également un trouble de santé publique.
Si à l’évocation du nom Calais, on entend désormais migration, c’est parce que la ville demeure depuis une dizaine d’années l’espace leader en termes de flux de population. La ville s’affiche désormais comme hub principal de transition vers le Royaume-Uni.
En 2003, le Traité du Touquet imagine un contrôle renforcé des deux côtés de la Manche. En France, les villes de Boulogne-sur-Mer, Dunkerque ou Calais sont désignées en tant que frontières officielles britanniques- à l’image de Douvre outre-Manche. Bien que les accords prévoient initialement, une répartition des contrôles entre France et Angleterre, les migrations ne s’opèrent réellement que du continent vers l’Île. Le passage vers le Royaume-Uni se réalise désormais depuis les côtes françaises, dispensant les anglo-saxons des charges territoriales et sociales.
Bien que surmenées, les villes côtières subissent le prix de l’attractivité anglaise. Cet « American Dream” à l’européenne charme les immigrés grâce à des promesses d’embauches faciles, des autorités souvent laxistes et des facilités de communication.
Les rochers, barrière à l’installation
Ce lundi 12 septembre, les habitants de la ville de Calais ont découvert une installation pour le moins inédite. Les quais du Danube, de la Meuse ainsi que deux voies à proximité de la gare ont été investis par de gros cailloux supposés empêcher l’installation des migrants et incommoder la distribution de nourriture et matériel par les associations.
En juin dernier, la ville avait déjà fait installer des grillages pour tenter de démanteler ces camps de migrants qui occupent les espaces centraux de la cité. Désormais, ce sont les pelouses sur lesquelles les migrants organisaient leur campement qui sont empêchées. Placés à moins d’un mètre les uns des autres, ces rochers empêchent l’installation des tentes sur les zones herbeuses qui jusqu’alors servaient de lieux de vie.
Une décision contestée
Face à cette décision du moins radicale, des associations en faveur de l’aide à la migration ont dénoncé un manque d’accompagnement de la part de la ville des Hauts de France. Utopia, organisation mobilisée pour les exilés, a affirmé comprendre le but des installations, quoique regretter le fait que rien n’ait été mis en place pour aider le transfert de populations.
La maire Calaisienne Natacha Bouchart, députée LR et membre LREM s’est quant à elle confiée à La Voix du Nord avec les paroles suivantes : “ Je fais quoi ? Je laisse faire ? Si on ne veut pas de campement gênant en centre-ville, je me dois d’agir. Ça ne sert à rien de démanteler pour que deux heures après, ils viennent se réinstaller.” L’installation de ces cailloux aurait coûté 45 000 euros à la ville contre plusieurs millions par an pour la gestion de la crise migratoire. L’argument financier oeuvre lui aussi en faveur de la pose des cailloux.
“Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser”
Marc est titulaire d’un DEA en sciences politiques. A la question de l’organisation territoriale de la crise de Calais, il dénonce un problème multiscalaire plus que local. Selon lui, le problème de la ville, ce n’est pas l’immigration, mais l’aspiration à l’Angleterre. La ville demeurera un spot d’émigration tant que la destination subsistera le Royaume-Uni plus que l’Europe.
“Il faut réorganiser de vraies filières d’immigration en participant financièrement, économiquement et techniquement au développement des territoires qui émettent les populations migrantes” déclare Marc. La solution pour lui serait d’accueillir les populations subsahariennes pour leur inculquer nos savoir-faire techniques ainsi que notre efficacité économique et fiscale. “Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser” reprend-il de Shakespeare.
Réelle solution ou utopie, l’accompagnement des populations concernées par la migration demeure malgré tout une solution envisageable…