Chez certains de nos voisins européens, un droit à mourir est prévu par la loi. En France, l’euthanasie, comme le suicide assisté, sont interdits. Pourtant, ce cadre légal pourrait évoluer à la fin de l’année, suite aux débats lancés par le président de la République.
La vie de Vincent Humbert a basculé le 24 septembre 2000. Victime d’un grave accident de voiture, il devient, à 19 ans, tétraplégique, aveugle et muet. Deux mois après, il entreprend d’écrire une lettre au président de la République d’alors, Jacques Chirac, lui demandant en vain un « droit à mourir ». Le 21 septembre 2003, presque trois ans après son accident, Marie Humbert, sa mère, passe à l’acte en lui administrant une forte dose de médicaments. La médiatisation de l’affaire a alors lancé le débat sur le droit de mourir.
Que dit la loi ?
Aujourd’hui, en France, la loi Claeys-Leonetti de 2016 permet la « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Elle consiste à endormir une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, dont le pronostic vital est engagé à court terme, afin de soulager ou de prévenir d’une souffrance. Dans d’autres pays européens, un cap a été franchi. En Suisse, c’est le suicide assisté qui est autorisé. Dans ce cas, des associations spécialisées fournissent les produits létaux que la personne doit s’administrer elle-même. Du côté de la Belgique, c’est l’euthanasie qui est permise. Les médecins habilités sont ainsi chargés d’injecter le produit.
Qu’en pensent les politiques ?
Emmanuel Macron s’était déjà dit « favorable à avancer vers le modèle belge » lors de la campagne présidentielle 2022. C’est également le cas de l’ancienne ministre de la Santé LREM, Brigitte Bourguignon. « Les Français sont prêts à une évolution de la loi, à ce que la considération pour les malades en fin de vie change pour de bon » avait-elle confié dans La Voix du Nord. Celle qui a toujours été très proche de Marie Humbert demande à ce qu’ « un vrai débat, dans tout le pays » soit organisé. « On défendait l’exception de l’euthanasie, dans des cas extrêmes, comme cela se fait en Belgique. Pour que les médecins ne soient plus punis. Ce combat continue car, en France, nous n’y sommes pas encore arrivés » avait-elle déclaré.
Du côté de l’opposition, certains parlementaires contestent l’évolution de la loi. C’est le cas de Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat. « Je suis opposé à ce texte. Je pense qu’il y a des souffrances qui sont insupportables et qu’on doit tout faire pour les soulager », avait-il affirmé sur le plateau de BFMTV-RMC. « Je pense qu’il faut un débat national, un avis du Comité national d’éthique. Ces choses-là, on doit les toucher d’une main tremblante ».
Vers une évolution de la loi ?
D’ici la fin de l’année, ce cadre légal français pourrait évoluer. Depuis décembre dernier, le président de la République a mis en place une Convention citoyenne sur la fin de vie. Elle réunit 185 citoyens et citoyennes tirés au sort dont les travaux ont vocation à éclairer la question suivante : « Le cadre d’accom- pagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situa- tions rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? » Ces cessions de travail de groupe auront un poids important sur l’évolution de la loi.