Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de la femme. Mais pourquoi le 8 mars ? Quels sont son origine, ses enjeux et sa symbolique ? Décryptage.
Chaque année, la date du 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, suscite un engouement particulier dans le monde entier. Pourquoi cette date et pas une autre ? Retour sur une origine complexe…
Un hommage aux luttes ouvrières des femmes du XXe siècle
L’histoire de la Journée internationale de la femme le 8 mars remonte au début du vingtième siècle. Cette date puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrières et des manifestations de femmes en Amérique du Nord et en Europe. Direction les États-Unis, où à partir de 1909, les femmes socialistes américaines, décident d’organiser chaque année, le dernier dimanche de février, « une Journée nationale des femmes », National Woman’s Day, pour célébrer l’égalité des droits civiques.
C’est lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, en 1910 à Copenhague, que Clara Zetkin, journaliste et militante allemande, appelle alors les « femmes socialistes de tous les pays » à rejoindre le mouvement. Dès lors, en Allemagne, au Danemark ou encore en Autriche, des organisations socialistes célèbrent cette journée consacrée au droit des femmes en revendiquant notamment le droit de vote pour le deuxième sexe, comme dirait Simone de Beauvoir.
Des ouvrières russes aux suffragettes « bourgeoises »
En Russie, le 8 mars 1917, des femmes manifestent dans les rues de Petrograd pour exiger « le pain et la paix ». Cette mobilisation marque le début de la révolution russe. Et elle présente une particularité, selon Françoise Picq, spécialiste du mouvement féministe : « Il y a eu une manifestation des suffragettes en même temps, ces féministes bourgeoises qui revendiquent le droit de vote. Il y a eu une fusion qui ancre encore plus cette journée internationale des femmes dans le contexte socialiste. »
En 1921, Lénine crée la journée internationale des ouvrières, en Union soviétique. Le 8 mars demeure alors une fête communiste jusqu’en 1955, date à laquelle un mythe est diffusé dans les pages du journal L’Humanité. Le quotidien de gauche explique que ce jour fait référence à une grève ouvrière à New York le 8 mars 1857. Mais cette grève n’a jamais existé comme l’explique Françoise Picq : « En 1977, le numéro 0 d’Histoire d’elles, enquête sur cette origine. Étonnement total : il n’y a absolument rien dans les archives de la presse américaine. On découvre que seul un article publié dans le journal français L’Humanité en 1950, attribue le 8 mars au combat des femmes américaines et non aux ouvrières soviétiques. »
1977 : Les Nations Unies proclament le 8 mars comme Journée internationale des femmes
Il faudra attendre 1977 pour que les Nations Unies officialisent la Journée internationale des femmes, incitant ainsi tous les pays du monde à célébrer les droits des femmes. Mais la France est en retard… C’est sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes, en 1982, que le pays des Lumières reconnaît enfin le 8 mars comme Journée internationale des droits des femmes.
Ce 8 mars 1982 est notamment marqué par de nombreuses manifestations dont le point fort est la réception donnée à l’Élysée et le discours du président de la République François Mitterrand. À cette occasion, il reçoit 450 femmes, représentant associations ou encore milieux socio-professionnels et annonce plusieurs mesures en faveur des droits des femmes.
Le 8 mars, un repère temporel indispensable dans la quête de l’égalité ?
Aujourd’hui, le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. Elle s’exprime sous diverses formes dans différents domaines. Elle est même devenue un rendez-vous marketing.
Mais cette journée est-elle vraiment utile ? Pour la féministe Françoise Picq, cela ne fait aucun doute… Car le combat des femmes est loin d’être fini : « On ne peut pas dire que les droits des femmes n’avancent pas. La situation des femmes d’aujourd’hui n’est pas celle de leurs grands-mères. Mais l’avancée n’est pas linéaire, il y a des reculs sans arrêt. Justement, le 8 mars est utile à cela, voir où sont les bornes… Et les centaines d’années de lutte qu’ils nous restent encore pour acquérir l’égalité. »