Depuis ce lundi 27 mars, c’est près de 1 200 femmes qui pourront bénéficier d’un arrêt de deux jours, sous justification médicale. Un dispositif qui est une première pour une collectivité en France.
En février dernier, à l’heure où d’autres pays européens freinaient sur ce sujet controversé, l’Espagne a été le premier pays européen a adopter une loi sur un « congé menstruel » pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Et bien, c’est au tour de la municipalité de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, qui s’y prête au jeu. La mairie a lancé ce lundi l’expérimentation d’un congé menstruel pour ses agents souffrant de règles douloureuses ou d’endométriose. Selon le maire de la vie, Karim Bouamrane : « Sur les 2000 personnes qui travaillent pour la ville, nous avons 60 % de femmes. C’est en discutant avec ces agentes que je me suis rendu compte que la moitié d’entre elles souffraient en silence. Un sujet mis de côté sinon tabou ». Une délibération sur le sujet sera présentée lors du Conseil municipal du 17 avril. Dès l’application de ce dispositif, les agentes de la ville auront la possibilité de poser deux journées de congés. Mais aussi d’aménager leur emploi du temps afin de travailler à leur domicile. Et tout cela, sans qu’aucune journée de carence ne leur soit décomptée. Des avantages accessibles à une seule condition, la présence d’un certificat médical attestant de l’endométriose ou bien de règles douloureuses.
Un premier pas pour l’initiation d’un mouvement national ?
Karim Bouamrane a ajouté auprès de l’AFP qu’ « il fallait prendre des décisions fortes pour les soulager. Je suis fier que Saint-Ouen ait initié un mouvement national, pour une avancée concrète pour le droit des femmes ». Selon un sondage Ifop, 66 % des salariées seraient favorables au congé menstruel et une large majorité d’entre elles pourraient recourir à ce dispositif. Par ailleurs, des parlementaires de gauches ont préparé des propositions de loi. La sénatrice du parti PS des Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret, a déclaré auprès de France Inter vouloir mener « un travail de préparation en coopération avec du personnel de santé et des juristes, afin d’inscrire ce congé menstruel comme un nouveau droit, et non comme une obstruction à l’emploi des femmes ». À l’Assemblée, plusieurs députés de la NUPES travaillent aussi sur le sujet. Marie-Charlotte Garin (EELV), Sandrine Rouseeau (EELV) et Sébastien Peytavie (Génération.s) veulent se lancer une « concertation » avec les organisations syndicales féministes sur le congé menstruel. Seulement, plusieurs questions juridiques et budgétaires se posent. Notamment, les questions de la prise en charge de ce dispositif par l’employeur ou alors par la Sécurité sociale, comme en Espagne. Et enfin, des interrogations sur la garantie de la protection de l’anonymat des employés avec la présence d’hommes transgenres menstrues.