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    Le 28 septembre marque la Journée inter­na­tio­nale pour le droit à l’avortement. Si l’IVG est légale depuis 1975 en France, la décision de revenir sur ce droit fon­da­men­tal dans plusieurs pays occi­den­taux, démontre que rien n’est acquis. Retour sur l’état de l’accès à l’avortement en France, en Europe et outre-atlantique.

    Le droit à l’avortement est un droit sous tension, constam­ment remis en question. L’an dernier, c’était la Cour Suprême des États-​Unis qui revenait sur l’arrêt Roe v. Wade qui, depuis 1973, garan­tis­sait aux femmes amé­ri­caines le droit de disposer librement de leur corps, et ainsi de pouvoir avorter sur tout le ter­ri­toire. Cette décision a déclenché une série de lois anti-​avortement et des res­tric­tions dans 24 États, selon les données du Guttmacher Institute. Cependant, les États-​Unis ne sont pas les seuls à remettre en cause ce droit fon­da­men­tal, puisque des pays comme la Pologne et la Hongrie ont également suivi cette tendance conser­va­trice. Quant à la France, ces récents retour­ne­ments de veste lui ont fait com­prendre qu’il fallait agir. Pourtant, rien ne semble presser le gou­ver­ne­ment, ce qui révolte les asso­cia­tions et les militant·es.

    En France, ça rame

    La révo­ca­tion de Roe v. Wade aux États-​Unis a été un élec­tro­choc pour les militant·es et les asso­cia­tions fémi­nistes du monde entier. À à la demande de nom­breuses asso­cia­tions, les par­le­men­taires français se sont engagés à inscrire le droit à l’a­vor­te­ment dans la Constitution afin de le protéger. Une pro­po­si­tion de loi a été adoptée à l’Assemblée nationale en novembre 2022, puis votée en première lecture au Sénat en février 2023. Lors de la Journée inter­na­tio­nale des droits des femmes le 8 mars, Emmanuel Macron avait promis d’ins­crire « la liberté » des femmes de recourir à l’a­vor­te­ment le plus tôt possible dans la Constitution. Cette promesse a suscité des réactions mitigées parmi les défenseur·ses du droit à l’a­vor­te­ment, car il n’a pas utilisé le terme « droit ». Mais depuis, le chef de l’État fait oreille sourde. La députée éco­lo­giste Mélanie Vogel s’offusque que rien n’avance. Elle déclarait au Monde cet été « on ne va pas renoncer ». De leur côté, les asso­cia­tions telles que le Planning Familial, mettent la pression sur le gou­ver­ne­ment pour obtenir d’é­lar­gis­se­ment du délai pour l’a­vor­te­ment, actuel­le­ment fixé à 14 semaines de grossesse. Ce délais est considéré comme trop court par rapport aux 22 semaines accordées dans nos pays voisins tels que l’Espagne et l’Angleterre.

    Europe mauvaise élève

    Car les pays de l’Union euro­péenne ne sont pas tous de bons élèves en matière de droit à l’avortement. En octobre 2020, le tribunal consti­tu­tion­nel polonais a banni l’avortement, même en cas de mal­for­ma­tion du fœtus. Et en juin dernier, le pays a pris un tournant encore plus radical dans sa politique anti-​avortement. Le ministre de la Santé a donné son aval pour la création d’un « registre des gros­sesses ». Margaux, une jeune franco-​polonaise s’indigne : « Ils veulent mettre en place des tests sanguins lors des examens médicaux classique pour détecter s’il y a eu un avor­te­ment médi­ca­men­teux et punir les femmes. C’est une atteinte violente à notre dignité cor­po­relle et mentale. » Selon cette loi, tous les médecins devront signaler toute patiente enceinte sur une pla­te­forme, et le registre sera consul­table par la justice, de façon à sur­veiller les avor­te­ments illégaux. La Cour euro­péenne des droits de l’homme a récemment rejeté la demande d’une asso­cia­tion féministe polonaise dénonçant la décision du tribunal de 2020 comme contraire à la Convention euro­péenne des droits de l’homme. « Le pire, c’est que la Pologne est un pays soumis au droit européen », continue Margaux.

    « Il faut se rendre compte que dans un pays pas si loin de la France, on peut être empri­sonné pour avoir eu recours à un avor­te­ment. Les asso­cia­tions fémi­nistes mani­festent, dénoncent les violences que l’interdiction engendre. Encore cette année, une jeune femme dont le bébé était mort in-​utero a succombé à une sep­ti­cé­mie, car des médecins ont refusé de pratiquer un avor­te­ment médical. » Margaux s’inquiète. En Italie, la politique de Giorgia Meloni semble aller dans la même direction que la Pologne. Les pro­fes­sion­nels de santé invoquent constam­ment une clause de conscience pour refuser les soins aux femmes. Elle conclut en lançant un appel : « Il est impératif que chacun prenne conscience de la situation. Il ne faut pas rester dans l’ombre. Nous devons militer à notre échelle, qu’elle soit petite ou grande, partager les infor­ma­tions et résister pour préserver nos droits. »

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