Dans son référentiel annuel, l’Observatoire français de l’infobésité et de la collaboration numérique alerte sur les usages numériques qui pèsent sur la charge mentale des salariés.
« Le stress numérique est un des fléaux de notre époque », s’indigne la coprésidente de l’Observatoire français de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN), Mathilde le Coz. Surchargez votre esprit d’informations et vous risquez de souffrir d’une indigestion numérique. Savourez-la avec parcimonie et vous préserverez votre santé technologique.
Attirer l’attention sur les dangers de l’infobésité qui ne cesse de s’amplifier dans les entreprises est l’objectif du dernier rapport annuel de l’OICN. Cette étude réalisée par la firme Mailoop pour l’OICN a récolté plus de 58 millions de métadonnées d’e‑mails et 1,7 million de métadonnées de réunions sur près de 9.000 personnes.
Ce travail se fait principalement à partir de la mesure précise et segmentée des usages numériques comme les entêtes d’e‑mails professionnels, les réunions professionnelles et des applications comme Teams, One Drive ou encore Google Room.
Les 10 chiffres à retenir
1 – Hyper connexion : 31% des salariés envoient au moins un e‑mail après 20h plus de 50 soirs par an, ce chiffre monte à 117 par soirs pour des postes de dirigeants.
2 – Pénibilité numérique : un employé reçoit en moyenne 144 e‑mails par semaine (soit 28,8 e‑mails par jour), un dirigeant peut en recevoir jusqu’à 331. Beaucoup trop d’e‑mails dans la mesure où 74% des dirigeants n’arrivent pas à traiter l’ensemble de leurs e‑mails au quotidien.
3 – Hyper réactivité : 51,4% des e‑mails ont une réponse en moins d’une heure.
4 – Isolement numérique : 5,7% des salariés échangent avec moins de cinq personnes différentes par semaines et se sentent isolés. À l’inverse, 6% des salariés interagissent avec plus de 100 personnes différentes par semaines et se sentent hypersollicités.
5 – Un bruit numérique constant : un e‑mail sur quatre provient du réflexe du « répondre à tous », tandis que 30,8% des e‑mails sont traités en copie.
6 – Un mauvais usage : dès lors qu’un échange dépasse les trois réponses, l’e‑mail n’est plus l’outil le plus adapté. Pourtant, 17% des e‑mails sont générés par un usage conversationnel qui peut effectuer plus de dix allers-retours.
7 – Une mauvaise connaissance des nouveaux outils conversationnels : près de 90% des collaborateurs ne les utilisent toujours pas régulièrement.
8 – Une efficacité réduite : 70% des collaborateurs interrompent leur tâche quand surgit une notification. Les dirigeants n’ont que 5 heures de créneaux par semaine durant lesquels ils ne reçoivent aucun e‑mail.
9 – La réunionnite : les managers passent au minimum 11h23 en réunion par semaine (soit près du quart de leur temps de travail) et 15% des réunions s’enchaînent même sans temps de repos.
10 – L’impact carbone : chaque année, environ 7 kilos de CO2 sont émis par personne pour leur usage d’e‑mails et leur stockage de fichiers.
Les bons réflexes à adopter
« La banalisation de la surcharge de travail, le recours à l’allongement des horaires hors des plages normales de travail, le culte de l’urgence et la dictature de la réponse immédiate nourrissent chez chacun des exigences d’hyperdisponibilité et d’hyperréactivité. Ce qui était supposé procurer autonomie et flexibilité devient alors une “laisse électronique”», explique la chercheuse à la chaire futurs de l’industrie et du travail, Suzy Canivenc.
Clarifier avec son équipe la notion d’urgence, utiliser les outils adaptés à la conversation instantanée (smartphone, Teams), déterminer l’objectif de chaque réunion, sacraliser la pause déjeuner ou encore alléger la taille de ses e‑mails sont autant d’options envisageables pour faire face à ces nouvelles préoccupations.