Alors que tous les yeux sont rivés sur les conflits en Israël, en Palestine et en Ukraine, une autre guerre a lieu en ce moment au RDC, République démocratique du Congo, particulièrement dans l’Est du pays, dans la région du Kivu. Des personnalités congolaise comme le Dr Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, ont pris la parole pour alerter sur les massacres commis sur la population congolaise.
Aux origines du conflit
Pour comprendre toute la gravité de la situation, il faut revenir aux origines de ce conflit qui secoue la RDC depuis maintenant 20 ans. Les raisons sont à la fois ethniques, politiques et économiques, de nombreux acteurs sont en cause, ce qui rend la situation très complexe. L’ancienne colonie belge, qui se nomme à l’époque le Zaïre, prend son indépendance en 1960 et se retrouve dirigé par le dictateur Mobutu Sese Seko. La première guerre commence en 1996 et prend source lors du génocide rwandais de 1994, le massacre des Tutsis par les Hutus. Après cet événement, près de 2 millions de personnes, fuient dans l’Est du Zaïre. Certains sont des miliciens qui ont activement participé au génocide et craignent des représailles et d’autres sont des civils qui ont peur de subir le même génocide, après l’arrivée au pouvoir au Rwanda du gouvernement Tutsi de Paul Kagame. Une fois dans l’Est du Zaïre, les miliciens Hutus commettent des attaques contre les populations Tutsis vivant au Zaïre. Le Rwanda décide donc d’armer les Tutsis zaïrois, qu’ils considèrent comme alliés naturels, pour qu’ils puissent se défendre. A ce moment, le gouvernement du Zaïre en réponse à ce qu’il voit comme une ingérence du Rwanda ordonne aux Tutsis de quitter le pays. En réponse, le Rwanda et son allié l’Ouganda participent à la formation de l’AFDL (l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), menée par Laurent-Désirée Kabila, et composée de rebelles congolais et de troupes rwandaises opposées à Mobutu.
C’est le début de la guerre. En 1997, l’AFDL accapare la capitale Kinshasa et Laurent-Désiré Kabila s’auto-proclame le nouveau président du pays rebaptisé alors la République démocratique du Congo. En 1998, le chef de l’État se brouille avec les militaires rwandais et ougandais qui l’avaient aidé dans sa conquête du pouvoir. A l’Est, la guerre ne cesse pas. Et le bilan humain est lourd, les estimations varient, mais selon l’ONG International Rescue Committee 5,4 millions de personnes seraient mortes sur la période de 1997 à 2008, et un rapport de l’ONU paru en octobre dernier annonçait 6,9 millions de personnes déplacées. Les massacres se poursuivent encore aujourd’hui.
La situation actuelle
Depuis 2021, l’attention s’est focalisée sur le M23 (Mouvement rebelle du 23 mars), qui a relancé une offensive à l’Est alors qu’elle avait cessé les combats depuis 2013. Cette rébellion est, selon un rapport d’experts des Nations unies, soutenue par le Rwanda voisin.
Et aujourd’hui, la situation ne s’améliore pas, les rebelles du M23 sont repartis à l’attaque, depuis le 7 février, dans le Nord-Kivu autour de Saké, cité stratégique sur la route de Goma. La prise de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, serait décisive dans l’évolution du conflit, et pourrait mettre en péril la vie de nombreux civils. L’ONU et l’ONG Human Rights Watch accusent le Rwanda de soutenir les crimes du M23. L’ONU dit avoir collecté de nouveaux éléments impliquant Kigali. Un de ses drones d’observation a ainsi été visé, le 7 février, par un « missile sol-air présumé des FRD (l’armée rwandaise) » tiré depuis une zone sous contrôle du M23, indique un document interne consulté par l’AFP. Le journal Le Figaro rapporte les propos d’une source militaire sous couvert d’anonymat : « Il y a environ 2000 soldats des Forces rwandaises de défense (FRD) présents au Congo, ils sont entraînés et équipés avec du matériel capable d’abattre des drones. Sans le Rwanda, il n’y a plus de M23 ». Depuis le début de la crise, le Rwanda affirme que « le M23 est un problème congolais » et que « le Rwanda ne soutient pas le M23 et n’a pas de troupes en RDC ».
La crise alimentaire s’aggrave
Pour l’instant, il est difficile d’envisager un apaisement du conflit dans les prochains jours, et la situation humanitaire se dégrade particulièrement à Goma, qui compte environ deux millions d’habitants, la ville est coupée des fermes qui la nourrissent. La situation alimentaire devient de plus en plus grave à mesure que la violence s’intensifie dans la province, contraignant à nouveau les familles à se réfugier dans des camps surpeuplés où les ressources alimentaires, les installations sanitaires et les abris font cruellement défaut.
Pour répondre à cette situation, le PAM (Programme alimentaire mondiale) a considérablement étendu ses opérations d’urgence dans l’Est, augmentant de trois fois le nombre de personnes recevant une aide alimentaire. Ce chiffre est passé d’une moyenne de 400 000 personnes en mai 2023 à une moyenne de 1,3 million de personnes aujourd’hui. Malheureusement, l’agence alimentaire de l’ONU manque de fonds pour maintenir cette intervention d’urgence. C’est une véritable catastrophe humanitaire qui se déroule dans l’est du RDC