Au début des études supérieures, les week-ends et soirées d’intégration font partie de la vie des jeunes étudiants. Ces soirées peuvent parfois dériver, notamment avec l’alcool toujours présent et ses abus difficiles à contrôler, malgré une sensibilisation grimpante.
Que ce soit dans les filières de médecine, d’ingénieur ou de commerce, les grandes écoles ont des traditions d’intégration qui font parler. Vingt ans plus tôt, bizutage et intégration se confondaient. En 1998, le bizutage a été pénalisé, aujourd’hui considéré comme un délit. Pour autant, une pratique affiliée, le binge-drinking fait encore partie de ces soirées, offrant une voie royale aux graves conséquences physiques et psychologiques. Ce terme anglophone signifie une surconsommation d’alcool sur une très courte durée, dans le but d’une ivresse rapide. Souvent, ce sont des alcools forts comme la vodka ou le whisky qui sont utilisés dans ce but.
Ce phénomène est loin d’être inconnu. Véronique Vosgien, psychiatre en addictologie en connait l’ampleur. « On le sait. Nos collègues, aux urgences notamment, s’en rendent compte. À partir du jeudi, il y a des jeunes qui arrivent dans la nuit. Et ils ne peuvent rien faire d’autre que les sensibiliser le lendemain matin avec des messages de préventions. » Mais plutôt qu’un souci isolé, ces situations relèvent très souvent d’un phénomène de groupe. « Pour certains, c’est comme un jeu : il faut être ivre le plus rapidement possible. » La question du consentement se pose parfois, car si aujourd’hui la plupart du temps la consommation est volontaire, en groupe, il est compliqué de ne pas suivre les autres.
Des conséquences inévitables
En 2017, 44 % des jeunes de 17 ans déclaraient avoir eu un comportement d’alcoolisation ponctuelle importante ou « binge-drinking » au cours du mois. Malgré ces chiffres toujours importants, Véronique Vosgien affirme que l’alcoolisation dans les soirées diminue. « Il y a encore une dizaine d’année, les étudiants partaient en bus faire la fête, et ils surconsommaient de l’alcool toute la nuit, parce qu’on les incitait. Les soirées d’intégration étaient même sponsorisées par des marques de whisky. » Que ce soit au court ou au long terme, la surconsommation d’alcool a d’importantes conséquences. Si les alcoolisations peuvent mener à des intoxications aigües, et des lésions neurologiques irrémédiables, le plus fréquent problème de l’ivresse reste la mise en danger de la personne. « Avec l’alcool, on voit apparaître des troubles du comportement, avec beaucoup d’impulsivité et de violence. Alors, il y a des accidents, des agressions, et des agressions sexuelles, notamment chez les filles. »
Des étudiants formés pour assurer la sécurité
Pour éviter toutes ces dérives possibles, l’école de commerce roubaisienne, l’EDHEC a décidé de renforcer la prévention lors de ces soirées. Les étudiants organisateurs, membres du bureau des élèves, sont formés afin de savoir réagir en cas de problèmes, notamment dus à l’alcool. Des professionnels interviennent au sein de l’école afin d’expliquer aux élèves organisateurs la consommation d’alcool et ses risques, ainsi que les premiers secours et les violences sexuelles et sexistes, des problématiques qui peuvent découler du binge-drinking. « Pour l’alcool, on a le droit de refuser des personnes à l’entrée parce qu’elles sont trop soûles, ou même pendant la soirée, de refuser de les servir. Les différentes formations étaient très utiles, on a même envie d’approfondir la formation aux premiers secours sur un week-end complet » raconte, Jules, président du BDE du Programme Grandes Écoles, à l’EDHEC. Il insiste également sur tous les changements récents d’organisation de ces soirées, avec un point d’honneur à la bienveillance et la sécurité. « Il y a dix, vingt ans, les membres du staff – personnel – qui organisaient les grosses soirées, étaient en état d’ébriété. Maintenant, zéro membre du staff ne le sont et ils doivent être alertes. »