Textile, restauration, plateformes de streaming… Les produits américains sont omniprésents. Mais depuis quelques semaines, un mouvement de boycott prend de l’ampleur, porté notamment par un agriculteur du Nord de la France. Édouard Roussez a déjà rassemblé plus de 27 000 membres sur sa page Facebook.
Tout a commencé outre-Atlantique. Au Canada, une vague de contestation contre les produits américains s’est déclenchée après une altercation concernant la guerre en Ukraine, entre le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche le 28 février dernier. Le phénomène ne s’est pas arrêté là. Il a trouvé un écho en Europe, où de nombreux consommateurs s’opposent à la politique commerciale de Donald Trump.
Depuis quelques semaines, Édouard Roussez se présente comme le protagoniste du boycott dans l’hexagone. Cet agriculteur du Nord de la France poursuit la tendance canadienne sur une page Facebook créée spécialement pour l’occasion. Et le ton est donné dès la bannière de la page d’accueil : Testa, Coca-Cola, Burger King… des dizaines de logos de marques américaines surplombent une immense croix rouge. En l’espace de quelques jours, « Boycott USA : Achetez français » cumule 27 500 membres. Le chiffre qui ne cesse de grimper. Le producteur de houblon ne lance pas seulement qu’un appel au boycott, mais encourage également à privilégier le made in France et les alternatives européennes. « Ici, on s’organise pour soutenir l’économie française et européenne en boycottant les produits US. Priorité au local, au made in France et à notre souveraineté économique », peut-on lire dans la description.
Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, Édouard Roussez explique sa démarche : « J’ai besoin de passer à l’action et partager cette sidération avec d’autres personnes qui, comme moi, ont envie de faire quelque chose. On n’a peut-être pas d’armes, mais on a un porte-monnaie ». Les membres de la page Facebook ont répondu présents. Les internautes partagent des alternatives aux produits américains, avec un objectif en tête : boycotter en priorité « les entreprises qui ont soutenu la campagne de Donald Trump ». Et ce n’est pas tout, l’agriculteur n’a pas dit son dernier mot. Édouard Roussez prévoit de lancer un moteur de recherche qui met en avant les produits français et européens. L’objectif ? « Faciliter le choix des consommateurs engagés ». Si son projet aboutit, ce mouvement pourrait s’inscrire dans une véritable transformation durable des habitudes de consommation.

Les Français disent oui au boycott
À quelques kilomètres de l’exploitation de Édouard Roussez, les Lillois partagent cet engouement. « Cela fait maintenant plusieurs années que je n’achète plus sur Amazon », décrit une cinquantenaire en compagnie de sa fille. Quand certains n’ont pas attendu le feu vert, d’autres rentrent dans la danse depuis le début du second mandat de Donald Trump. « Je suis prêt à boycotter. Je suis en désaccord avec sa politique et notamment ses positions sur l’environnement et le droit des personnes LGBT+ », soutient un jeune étudiant en droit.
Un constat partagé dans l’ensemble de l’hexagone. Dans un récent sondage de Libération, 62 % des Français soutiennent le boycott des produits américains. Parmi les marques les plus menacées, on trouve Ford, Starbucks ou encore Tesla en haut du classement. En effet, 47 % des Français se disent prêts à tourner le dos à l’entreprise d’Elon Musk. Ainsi, un Français sur trois boycotterait actuellement au moins un produit américain. L’engouement semble porter ses fruits : les ventes de véhicules Tesla au niveau européen ont dégringolé de 45 % en un an.
Malgré cette mobilisation croissante, les grandes enseignes restent prudentes. Stéphane, responsable d’un Carrefour City à Lille, se montre sceptique : « Je ne crois pas au boycott. Nos ventes de produits américains ne montrent aucun signe de recul significatif ». Pour ce responsable, « les consommateurs expriment une opinion, mais cela ne se traduit pas forcément en actes d’achat ». Le boycott aura-t-il alors un impact au-delà de la frontière virtuelle ?