Mise en place en 2021 par la ministre écologiste de la Mobilité, Elke Van Den Brandt, la zone de circulation à 30 km/h est appliquée sur toute la région de Bruxelles-Capitale, sauf exception. Trois ans plus tard, qu’en pensent les principaux intéressés ? Nous sommes allés à la rencontre des Bruxellois, automobilistes et piétons, pour avoir leur avis sur ce plan Ville 30, à deux mois des élections régionales.
Voitures, vélos, trottinettes, la loi des 30km/h s’applique à tous depuis 2021 dans la région de Bruxelles-Capitale. C’est la grande mesure portée lors de la campagne du parti écologiste Groen en 2019 et à laquelle s’est tenue sa ministre de la Mobilité lors de son accession au gouvernement de la région bruxelloise. Une limitation généralisée, exceptés certains axes structurants, à condition qu’ils ne soient pas à proximité d’une école, d’une piste cyclable non sécurisée ou de carrefours jugés « à risques », selon le nombre d’accidents relevés par la police.
Objectif zéro mort
Un grand nombre de voitures déambulent chaque jour dans le cœur de cette ville-capitale. Chacun a dû se faire au changement de vitesse imposé depuis le 1er janvier 2021. En centre-ville qui brasse automobilistes et piétons, certains s’en réjouissent plus que d’autres. « C’est fantastique », s’exclame Finn. « On se sent plus en sécurité et les rapports, qui étaient tendus entre piétons et automobilistes, se sont équilibrés. » Victoire pour Groen puisque c’est l’objectif premier qui s’inscrit dans le projet de « ville collective » porté par le parti écologiste : la sécurité avant tout. Finn ne conduit jamais en ville, mais en tant que piéton, il est plus apaisé, surtout lorsqu’il promène son chien. Catherine partage cet avis pour la sécurité de ses cinq petits-enfants. Le projet semble porter ses fruits puisque le nombre de morts dus aux accidents de la route est passé de 21 en 2022 à 5 en 2023 et de 4 812 blessés en 2022 à 4 349 l’année suivante.
Un avis partagé
Mais pour Karima qui habite en périphérie de Bruxelles et doit se rendre tous les jours dans le centre en voiture, « c’est l’enfer ». Son quartier n’a pas la chance d’être suffisamment desservi par les transports en commun, tout comme celui de Molenbeek où elle travaille. À cette objection, Marie Thibaud de Maisières, porte-parole de la ministre, répond que « pour une ville de l’ampleur de Bruxelles, le développement du métro n’est pas une priorité », après avoir pourtant avoué à demi-mots que l’objectif était sur le long terme de « sortir les gens des voitures ». Un avis loin d’être partagé par Geoffrey Van Hecke, élu local du principal parti d’opposition dans la commune périphérique de Berchem-Sainte-Agathe. L’élu du Mouvement Réformateur considère que ce moyen de transport devrait davantage faire l’objet de l’attention du gouvernement qui cherche, selon lui, à brimer les usagers de l’automobile. De fait, beaucoup ont renoncé à venir en centre-ville, observent les riverains.
Une conséquence imprévue
Philippe prend également la voiture tous les jours pour se rendre à son restaurant. Pour le cinquantenaire, ce qui est vraiment difficile, c’est de composer avec les vélos et les trottinettes, bien qu’elles aient été réduites de 8 000 par le gouvernement. Cette « mise à égalité » entre automobilistes et autres tend, en pratique, à se renverser en une priorisation des deux roues qui, elles, ne respectent pas toujours la règle des 30 km/h, explique Philippe. Karima surenchérit. « En fait, ils ont aggravé les choses et renforcé l’insécurité routière et le stress des conducteurs. »