Alors que les épidémies automnales n’ont pas encore débuté, la pénurie de médicaments inquiète les pharmaciens de Lille. La Métropole n’est pas épargnée mais les enseignes pharmaceutiques font tout pour le bien-être de leurs clients.
Un phénomène national
« Le phénomène n’est pas seulement régional… » affirme Grégory Tempre- mant, président de l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) – Pharmaciens des Hauts-de France et propriétaire de son officine à Comines. En 2022, l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) répertoriait plus de 3 700 ruptures ou risques de ruptures de médicaments. Une situation qui n’est pas près de s’arranger : « Aujourd’hui, nous n’avons aucune perspective d’amélioration. De plus, ce sont des médicaments dits courants qui sont touchés comme le paracétamol ou l’amoxicilline auparavant toujours disponibles », poursuit Grégory Tempremant.
Pour les consommateurs, le manque demédicaments devient une source de stress, particulièrement quand sont indispensables. En flux tendu, on trouve principalement les antibiotiques, les médicaments pour le transit et les maladies cardio-vasculaires. Une situation qui dure depuis trop longtemps selon Grégory Tempremant : « Cela fait 5 ans que j’ai donné l’alerte et rien n’a changé ». À Lille, les pharmaciennes interrogées se désolent d’une situation qui dure depuis janvier 2023.
Un casse-tête quotidien
Cette pénurie se ressent au quotidien pour ces pharmaciens dans l’obliga- tion de compter sans cesse leurs stocks. « On regarde tous les jours la disponibilité des traitements et on fait nos stocks dès que les médicaments sont disponibles auprès de nos grossistes », explique Camille, pharmacienne dans la rue Colbert à Lille. Pour ces médicaments indisponibles, la même valse se reproduit dans les offi- cines. Tout d’abord, les pharmaciens vérifient la disponibilité dans les pharmacies aux alentours. Sinon ils proposent des alternatives.
Marie-Cécile, pharmacienne, précise : « Pour tous les médicaments qui n’ont pas d’équivalence, nous appelons le médecin prescripteur qui décide. Il reste maître de son ordonnance, nous ne pouvons pas prescrire des médicaments sans être certains de leurs effets sur le patient ». Entre les listes d’attente et les mathématiques de grammage, les pharmacies s’adaptent. La solution la plus fréquente consiste à donner deux cachets de 500 mg au lieu d’un cachet d’un gramme. « Il nous est même arrivé de donner du sirop pour enfant en remplacement. Nous manquons vraiment d’équivalence au niveau des médicaments » s’inquiète Grégory Tempremant.
La Belgique, une alternative à la pénurie
Frontaliers de la Belgique, de nombreux Lillois se rendent dans le plat-pays à la recherche de médicaments. Dans les pharmacies belges, les médicaments y sont plus facilement disponibles. « Les patients paient tout de leur poche mais au moins ils ont leurs médicaments et en plus grandes quantités » affirme Camille de la pharmacie Colbert. En effet, sur certains médicaments cardiovasculaires, les pharmacies françaises sont limitées aux boîtes de 30 cachets. En Belgique, il est possible de se procurer des boîtes de cent. Pour autant, la Belgique n’est pas une solution à 100% viable car elle fait aussi face à une pénurie de médicaments.