Face à une surpopulation carcérale jugée ingérable, le ministre de la Justice colombien, Nestor Osuna a proposé de dépénaliser l’inceste entre adultes. La majorité sexuelle étant de 14 ans en Colombie, ces propos questionnent quant à la situation des personnes âgées de 14 à 18 ans.
Depuis plusieurs années, la Colombie connaît une importante crise carcérale. Les conditions des détenus sont dénoncées. Les prisonniers profitaient des visites de leurs famille et de leurs médecins pour obtenir nourriture et médicaments. Ces visites sont devenues de plus en plus rares. La condition carcérale était d’autant plus alarmante pendant la pandémie de Covid. Leurs familles étaient le seul moyen pour les détenus d’obtenir des masques et du gel hydroalcoolique. Les Avocats sans frontières ont tenté de dénoncer ces conditions privatives de libertés et de droits de personne, sous prétexte de leur enfermement.
Plusieurs solutions pour lutter contre ces conditions ont alors été envisagées. Le Manifeste du Groupe d’information sur les prisons de 1971 a été inspirateur pour le gouvernement colombien. « On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Mais si c’était la population qui était suremprisonnée ? » La Colombie a alors pris les devants, en choisissant d’alléger des sanctions pénales. Parmi ces atténuations, le ministre de la justice Nestor Osuna a proposé de dépénaliser l’inceste au premier degré de parenté.
« Dans Cent ans de solitude, il y a plusieurs générations où il y a de l’inceste »
Appelant à la culture colombienne et faisant référence au chef d’oeuvre littéraire de Gabriel García Marquez, prix Nobel de littérature en 1982, le ministre de la Justice souhaite dépénaliser l’inceste au premier degré de consanguinité. Une proposition qui a immédiatement fait parler. Actuellement, l’inceste de premier degré, soit des relations entre frères et soeurs, ou des parents avec leur ascendance ou descendance, peut être puni jusqu’à six ans d’emprisonnement. Cette proposition de loi ne concerne donc pas un crime anodin. Selon le ministre, l’inceste se différencie des crimes sexuels, car il s’effectue entre « deux adultes qui consentent librement à avoir des relations sexuelles ». Il maintient tout de même que « l’inceste avec un enfant est un viol ». Cependant, le manque de précision du ministre N. Osuna, quant à la majorité à prendre en compte, perturbe. De la majorité sexuelle colombienne, établie à 14 ans, à la majorité légale à 18 ans, cette zone reste floue, et particulièrement inquiétante.
Dans un contexte des environs de 1820 à 1920, les relations incestueuses de la famille Buendia, décrites dans son livre par G. García Marquez, ne semblent pas devoir s’imposer comme modèle de référence, d’autant plus pour un ministre de la Justice.