Les plannings familiaux sont des structures qui organisent les sessions annuelles d’éducation à la sexualité dans les établissements. L’enjeu majeur : enrayer la propagation des violences sexistes et sexuelles dès l’entrée à l’école primaire. Véronique Séhier, co-directrice du Planning Familial du Nord, souligne le manque d’implication financière de l’État, à l’aube de la rentrée des classes 2025.
Pour Véronique Séhier, « aborder, dès le plus jeune âge, la sexualité et les thématiques qui s’y rapportent, comme le consentement par exemple, est indispensable. Nos enfants sont confrontés précocement à des contenus pornographiques, vers huit ans en moyenne. Créer un climat de confiance autour de ces questions permet ainsi de libérer la parole et de leur faire comprendre la réalité de ce qu’ils visionnent ». Les membres de l’association qu’elle dirige, formés pour encadrer les sessions d’éducation sexuelle dans l’enceinte des établissements, œuvrent au nom de la prévention et sensibilisation des violences sexistes et sexuelles, banalisées dans la vie numérique des enfants. Pour ce faire, l’un des objectifs premiers est de faire « comprendre aux enfants que leur corps leur appartient », poursuit la co-directrice du Planning Familial du Nord.
La sexualité « stricto sensu » ne sera pas abordée de la maternelle au CM2
Le programme destiné à l’école primaire n’implique cependant pas « de dimension sexuelle stricto sensu », précise le ministère. Il demeure axé sur le développement de l’enfant et ses relations sociales et affectives, tels que l’apprentissage du respect de son propre corps et celui d’autrui, l’importance des notions d’intimité et de vie privée, sans omettre l’égalité filles-garçons. Au seuil du collège, en CM2, les questions autour des relations amoureuses, de l’intimité et de la pudeur seront introduites aux élèves. En revanche, l’EVARS effleure à peine l’hypersexualisation des mineurs et la marchandisation du corps, des problématiques auxquelles les enfants sont exposés constamment sur les réseaux sociaux.
À peine approuvé, le texte de loi compromis
« À l’aube de l’application du programme dès la rentrée de septembre, le gouvernement ne nous fournit pas de provisions pour financer la formation des bénévoles. À l’heure actuelle, nous ne disposons d’aucune directive ni plan de route délivrés par l’État pour concrétiser ce nouveau projet de loi éducatif », déplore la co-directrice. L’absence d’un chèque gouvernemental compromet sérieusement la tenue des séances à la rentrée scolaire prochaine. Une énigme signée Élisabeth Borne, dont le Planning Familial du Nord ne possède, pour l’heure, pas de solution d’investissement pour garantir des encadrants formés devant les élèves dans moins de six mois.
Éducation à la vie sexuelle : pourquoi n’est-elle pas ou peu effective depuis 2001 ?
D’après un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation publié en 2021, une faible proportion d’élèves, moins de 15%, bénéficie des trois séances prévues par la loi de 2001 au cours de leur scolarité. La législation dispense pourtant une obligation d’enseignement et « pose des bases intéressantes, mais elle n’est pas appliquée » pour 85% des élèves, a déclaré Salima Saa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes, lors d’une conférence de presse du Planning Familial, à Paris. Le rapport révèle que la loi de 2001 « ne donne aucune précision sur les conditions d’organisation de ces séances ». Le cadre d’application des séances d’éducation à la sexualité en milieu scolaire, flou, laisse donc libre cours à interprétation. À cela s’ajoutent également le manque crucial de formation des enseignants, infirmiers scolaires et encadrants, ainsi que la pression exercée par les associations, syndicats et familles des élèves.