Moins d’un mois après la démission de François Bayrou, Sébastien Lecornu a quitté Matignon quatorze heures seulement après avoir présenté son gouvernement. Emmanuel Macron tente de sauver la majorité et d’éviter un nouveau blocage budgétaire.
Le 9 septembre dernier, François Bayrou, alors Premier ministre, remet la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron, après avoir perdu un vote de confiance. Le président de la République nomme dès le lendemain Sébastien Lecornu pour lui succéder. Sa principale mission est alors de faire voter le budget 2026. « Il n’y a pas de chemin impossible », déclare-t-il, confiant, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs. Mais c’est un défi majeur, puisque depuis les élections législatives de 2024, l’Assemblée nationale est profondément fragmentée et aucune majorité claire ne se dégage. Après son entrée à Matignon, Sébastien Lecornu met vingt-six jours à former son gouvernement. La liste des ministres est dévoilée le 5 octobre et rapidement, ses choix sont critiqués Sur les dix-huit postes pourvus, douze ministres restent à leur place. Le renouveau attendu n’a donc pas eu lieu. Au sein même de la majorité du nouveau Premier ministre, la composition passe mal et plusieurs figures des Républicains menacent de se désolidariser.
Ultimes négociations
Ces tensions, à peine quatorze heures après l’annonce du gouvernement, poussent Sébastien Lecornu à poser sa démission. Le pays est immédiatement replongé dans l’incertitude et le processus budgétaire est à nouveau suspendu.
Emmanuel Macron accepte sa démission mais charge Sébastien Lecornu de rester à Matignon jusqu’au 8 octobre, pour mener d’ultimes négociations et tenter de reconstruire une base parlementaire. Mercredi matin, depuis la cour de Matignon, Sébastien Lecornu s’adresse à la presse. « Il y a une volonté d’avoir pour la France un budget avant le 31 décembre de cette année », précise le Premier ministre démissionnaire. « Cette volonté crée un mouvement et une convergence, évidemment, qui éloigne les perspectives de dissolution », ajoute-t-il. Il avoue cependant que les discussions « ne suffisent pas » et n’ont pas encore permis de garantir la stabilité.
Un avenir incertain
Actuellement, la situation reste incertaine. Au sein du camp présidentiel, les avis sont divisés. Certains plaident pour un compromis minimal, notamment en suspendant la réforme des retraites pour rallier la gauche. Les Républicains, eux, sont partagés entre le maintien d’une alliance tactique ou la rupture totale avec le macronisme. Leur position est décisive, car sans eux, aucune majorité n’est possible. La France Insoumise refuse toute coalition macroniste et réclame des élections anticipées, même si sa motion de destitution contre Emmanuel Macron a été jugée irrecevable par le bureau de l’Assemblée nationale. Enfin, le Rassemblement national a déjà déclaré qu’il voterait la censure de tout futur gouvernement issu de cette majorité. « J’attends une dissolution [de l’Assemblée nationale]. Ou une démission [du Président], ça m’irait bien aussi », a déclaré Marine Le Pen de manière lapidaire. L’avenir politique à court terme dépend désormais de la capacité du président à trouver un terrain d’entente minimal, afin de maintenir la stabilité institutionnelle.