Le 8 mars, à l’occasion de la journée de la lutte pour les droits des femmes, un hommage a été rendu à Jina Mahsa Amini, jeune iranienne kurde morte sous les coups des mollahs pour “mauvais port du voile”. Les participants ont été invités à déposer des tulipes rouges sur la statue de Romy devant la gare Lille Flandres. Pendant ce temps, en Iran, des écolières sont empoisonnées.
“En Iran, être femme, ce n’est pas un cadeau, mais être femme kurde, c’est une double peine”, déclare une des organisatrice de l’événement. C’est en effet la Pluie d’Oiseau, une association culturelle kurde, qui est à l’origine du rassemblement. À côté de la statue de Romy, ont voit flotter des drapeaux du YPG, le parti démocratique kurde en Syrie. Mahsa Amini, de son vrai prénom Jina, faisait partie du peuple kurde iranien maltraité par le régime. Jina, doublement discriminée, est pourtant devenu le symbole de ralliement qui secoue le pouvoir que les mollahs et l’armée iranienne pensaient si sûr. Le slogan autour duquel se rassemblent ses opposants, “femmes, vie, liberté”, vient en effet du kurde “jin, jiyan, azadî”.
Des écolières empoisonnées
Alors que les premiers participants déposent leurs tulipes, des militants accrochent une banderole où l’on peut lire “118 écoles de filles attaquées par du gaz chimique par le régime islamique d’Iran”.
Ils font référence aux empoisonnements en série, n’ayant fait aucune victime grave, sévissant dans les écoles iraniennes depuis novembre et ayant touché jusqu’à 800 jeunes filles. Si le poisson n’a pas encore été identifié, quelques suspects dont l’identité n’est pas connue ont été arrêtés le 6 mars. Jusque là, le gouvernement avait traité les malaises des jeunes filles comme une hystérie collective. Pour Faraz Fuegi, un des responsables du Collectif des Iraniens du nord, ces empoisonnements viennent “de la part du régime, et de personne d’autre, lui qui pourrait avoir accès à des armes chimiques. C’est évident que c’est un acte de représailles, le gouvernement se méfie des jeunes filles et de leur éducation. Khomeini disait déjà que les universités étaient le lieu du mal !”.
Voilà bien une formule qui résume la volonté d’un régime d’opprimer toute tentative d’émancipation féminine. Espérons que la société iranienne accédera bientôt au renouveau, que ces tulipes, indispensables à la fête du printemps iranien, viennent symboliser.