Du 9 au 11 octobre, l’Université Catholique de Lille ouvrait ses portes au congrès scientifique international ECOPOSS sur le thème : « Entre préservation et transformation, un monde à réinventer ». Au cœur de l’amphithéâtre René Théry, la conférence « Les bouleversements géopolitiques actuels » a été orchestrée par la directrice du Monde diplomatique.
15 heures. Dans cet amphithéâtre habillé de six grandes colonnes, elle fait salle comble. Sa notoriété a amené des dizaines d’étudiants, ordinateurs allumés et prêts à noter chaque son qui sortira de sa bouche. Elle a plusieurs casquettes : directrice adjointe du Monde diplomatique et enseignante à l’Université de Paris 2 Panthéon-Assas et à IRIS Sup. Anne-Cécile Robert était l’une des invitées de ECOPOSS, le congrès scientifique international organisé par l’Université Catholique de Lille, mercredi 9 octobre. Les micros se sont allumés : la conférence peut débuter.
La salle est rapidement entrée en effervescence dès les premiers mots de la journaliste. Trois jeunes étudiantes aux chignons serrés s’empressent de prendre des notes. Le bruit des claviers résonne. La conférence a débuté sous une atmosphère studieuse et le restera pendant 1h30. Anne-Cécile Robert ouvre sa présentation en rappelant plusieurs événements marquants : la chute de Kaboul le 15 août 2021, l’agression de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Pour elle, ces faits soulignent sans aucun doute « la fin concomitante de plusieurs grands cycles historiques ».
La « déoccidentalisation »
« On va avoir de plus en plus de conflits », prédit Anne-Cécile Robert, jetant une lumière sur les tensions croissantes à travers le monde. Sa lecture de la géopolitique mondiale souligne la fin de l’hégémonie occidentale : « déoccidentalisation » était le mot-clé de cette conférence. D’après la journaliste, l’Occident a perdu le monopole de la modernité, ouvrant la voie à un monde multipolaire. Assis à sa droite, Barthélémy Courmont l’écoutait attentivement. Le responsable pédagogique du Master Histoire /Relations internationales à l’Université Catholique de Lille a pris la parole, souhaitant nuancer les affirmations de sa voisine. Selon lui, bien que les Occidentaux soient de plus en plus perçus comme ne respectant pas « les règles du jeu », il est important de ne pas exagérer cette tendance. « Il me semble qu’il ne faut pas aller trop loin dans l’idée de la déoccidentalisation. Les Occidentaux ont encore leur mot à dire », insiste le spécialiste des relations internationales.
Après plus d’une heure de conférence, quelques murmures s’échappent de l’amphithéâtre. Ils laissent entendre que certains ont perdu leur concentration, probablement fatigués par la densité des sujets abordés. Ils n’ont eu qu’à patienter quelques minutes. La conférence s’est terminée sous un tonnerre d’applaudissements. L’ECOPOSS a gagné son pari : les étudiants se sont rassemblés en nombre afin d’ouvrir davantage les yeux sur le monde qui les entoure.