Après des semaines de négociations, l’Ukraine et la Russie ont accepté un cessez-le-feu naval dans la Mer Noire. La question de l’arrêt des frappes sur les infrastructures énergétiques est désormais au cœur des discussions.
Après les négociations entre Washington et Kiev à Riyad, la balle était dans le camp de la Russie, selon les mots du secrétaire d’État américain Marco Rubio. La proposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky, soutenue par les États-Unis, d’un cessez-le-feu aérien et maritime de 30 jours était favorable à l’Ukraine, comme à son voisin. Elle a été acceptée par Vladimir Poutine, en partie.
La guerre de l’énergie
Des nuées de drones qui traversent le ciel. Ces scènes surréalistes, sont devenues le quotidien des habitants des oblasts d’Odessa, de Zaporijia et du Donbass en Ukraine. Depuis février 2024, plus de 4 000 drones modèle Shahed ont été lancés par la Russie sur le territoire ukrainien. Leur cible, tout ce qui permettrait de porter un coup aux réserves énergétiques du pays. Selon un rapport des Nations Unies, en juin 2024, 73 % des unités de production d’énergie thermique de l’Ukraine avaient été rendues inopérantes par les frappes russes.
Mais depuis le début de l’incursion en février 2022, l’Ukraine a amélioré son arsenal, défensivement, comme offensivement. Aujourd’hui, grâce au projet Sky Fortress et aux lasers téléguidés Vampire fournis par l’armée américaine, 96 % des missiles Shahed tirés depuis la Russie sont mis hors d’état de nuire, d’après les chiffres de l’armée de l’air ukrainienne.
L’Ukraine frappe donc, à son tour, les infrastructures énergétiques de son voisin, avec un focus sur les unités de production et de stockage du pétrole. Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos montrent des installations de ce type en flammes à la suite de frappes ukrainiennes. Selon le magazine économique américain Forbes, il est impossible pour la Russie de protéger toutes ces infrastructures, éparpillées sur des milliers de kilomètres. Les défenses aériennes du pays sont donc principalement concentrées sur Moscou, surtout depuis le premier bombardement civil de l’armée ukrainienne, qui a fait trois morts dans la capitale, mardi 11 mars.
Les États-Unis, garants d’une trêve déjà fragilisée
C’était la grande crainte de Volodymyr Zelensky. « Le président Poutine a déjà rompu une fois le cessez-le-feu » martelait le président ukrainien lors de sa visite à la Maison Blanche au début du mois de mars. Quelques semaines plus tard les États-Unis de Donald Trump se posent toujours en médiateur du conflit. Le secrétaire d’état Marco Rubio avait grandement participé aux négociations à Riyad le 11 mars, et le président américain s’est réjoui le 20 mars, sur son réseau social Truth, d’un appel particulièrement constructif avec son homologue ukrainien. Dans la nuit du jeudi 20 mars, quelques heures après un entretien téléphonique avec Donald Trump, dans lequel il se serait montré favorable à un cessez-le-feu partiel, Vladimir Poutine aurait ordonné le lancement de 145 missiles Shahed vers l’Ukraine, selon le média ukrainien indépendant Noel Report.