Le 24 février 2022, Vladimir Poutine lançait une « opération militaire spéciale », marquant le début de l’invasion russe en Ukraine. Pensée comme une guerre éclair, elle s’est transformée en un conflit d’usure où Kiev résiste, soutenue par l’Occident. Pourtant, trois ans plus tard, Washington semble revoir sa position sur Moscou.
Allié du premier instant avec l’Ukraine, l’administration Biden affichait un soutien indéfectible et financier, partagé par l’Europe. Mais alors que le conflit s’enlise, le retour fracassant de Donald Trump à la Maison Blanche semble rebattre les cartes notamment sur la gestion financière du conflit ukrainien.
Inquiétudes en Europe
Le 24 février 2025, Emmanuel Macron s’est fait porte-parole du Vieux Continent, en étant le premier chef d’État européen à rendre visite à Donald Trump depuis son investiture. Devant les caméras, la rencontre se veut chaleureuse entre taquineries et tapes sur le dos, pourtant en coulisse, les désaccords sont nombreux.
Lors de leur conférence de presse, un journaliste a interrogé les dirigeants sur l’aide à l’Ukraine. Trump a suggéré que l’Europe se contentait de prêter de l’argent à Kiev, une déclaration corrigée par Macron, qui a rappelé que l’UE avait financé 60 % de l’effort de guerre. Malgré cette clarification, la moue sceptique de Trump en disait long sur leurs divergences. Macron a ensuite souligné l’alliance historique entre les deux nations, mais face à la guerre en Ukraine, les positions semblent de plus en plus éloignées.
Un vote inédit secoue l’ONU
Peu avant ce sommet franco-américain, l’Assemblée générale de l’ONU votait une résolution pour le troisième anniversaire de la guerre en Ukraine, condamnant l’invasion russe et exigeant le retrait des troupes. À la surprise générale, les États-Unis se sont alignés pour la première fois à la Russie, soutenant une résolution de paix sans condamnation explicite de Moscou. Ce revirement a été immédiatement salué par le Kremlin, qui a parlé d’une « position beaucoup plus équilibrée de Washington ».
Le rapprochement entre Washington et Moscou inquiète, d’autant plus que Trump a qualifié le leader ukrainien de « dictateur sans élections », un style qui rappelle celui de Vladimir Poutine.
La rencontre sur terrain miné
Si Donald Trump s’est toujours montré réticent à l’égard de l’aide financière accordée à l’Ukraine sous la présidence de Joe Biden, il exige désormais une compensation pour les fonds engagés par les États-Unis ces trois dernières années. Selon lui, Kiev doit rembourser 500 milliards de dollars, un montant d’abord rejeté par Volodymyr Zelensky, avant que les négociations ne s’orientent vers un accord sur l’exploitation des minerais, des terres rares indispensables au développement de nouvelles technologies, convoitées par Washington.
La rencontre entre les deux dirigeants à la Maison-Blanche vendredi 28 février, censée sceller cet accord, a finalement pris une toute autre tournure. Devant les caméras, Trump et son vice-président JD Vance ont reproché au président ukrainien son manque de reconnaissance pour l’aide militaire américaine. Le Républicain a également brandi la menace d’un désengagement des États-Unis du conflit si Kiev ne trouvait pas rapidement un accord de paix avec Moscou. Zelensky, quant à lui, a fermement rejeté toute concession avec la Russie, insistant sur la nécessité de garanties sécuritaires solides pour son pays. Un bras de fer qui a mis fin à cette rencontre, avortant toute possibilité d’accord ou de discussion avec les États-Unis pour le moment.
Après avoir quitté en urgence le territoire américain, le dirigeant ukrainien a finalement été accueilli à Londres, aux côtés du Premier ministre britannique Keir Starmer. Un sommet européen a réuni 19 dirigeants pour clarifier l’avenir de l’Ukraine dans un contexte géopolitique incertain. Face aux attaques de Trump, l’Europe serre les rangs et affiche son unité.