Maire de Boulogne-sur-Mer, député, secrétaire d’État délégué à la mer… Guy Lengagne a imaginé et fondé Nausicaá. Plus de 40 ans après les prémices du projet, le Boulonnais revient sur sa plus grande fierté.
Guy Lengagne, 89 ans, nous accueille là où il a passé une bonne partie de sa vie. Derrière une baie vitrée de Nausicaá, toujours à observer son grand amour, la mer… « Voyez au loin, c’est là que j’ai appris à nager, tout seul. Des heures dans l’eau… J’ai pris des risques. Dans la vie, ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». Après cette citation empruntée à Victor Hugo, ce puits d’anecdotes aux multiples vies se lance enfin : « je suis le seul à connaître cette histoire », prétend-il. Ce récit, c’est celui de la naissance de Nausicaá. Tout commence en 1976, lors d’un meeting du côté de Saint-Malo. Au détour d’une balade sur les remparts, son regard se pose sur de vieux aquariums : « je me suis dit qu’il fallait montrer, dans notre premier port de pêche de France, ce qu’était la mer ».
Un coup de pouce de l’Europe
Dossier en main, le désormais maire de Boulogne-sur-Mer se lance dans le défi de trouver des subventions. La région puis le gouvernement acceptent de financer ce qui va devenir Nausicaá. Guy Lengagne tente même sa chance devant Gaston Thorn, président de la Commission Européenne. Une fois à Boulogne, l’équipe européenne tombe sous le charme : « Ils m’ont demandé d’être moins modeste. Doubler la surface du projet, raser le casino… en échange, ils finançaient la moitié de Nausicaá ! Seuls 10 % du coût revenait à la ville, difficile de refuser ».
Une inauguration au goût amer
Un financement trouvé, l’architecte Jacques Rougerie choisi, les travaux sont lancés. Le 18 mai 1991, le Centre national de la mer ouvre, mais son fondateur ne vit pas la journée rêvée, puisqu’il vient de perdre les élections municipales. C’est Jean Muselet, son adversaire, qui inaugure le bâtiment. « La campagne 1989 a été violente, car elle a été menée contre Nausicaá. » Finalement réélu en 1996, Guy Lengagne devient président-directeur général du centre. Le symbole de Boulogne accède au grade de plus grand aquarium d’Europe en 2018. C’est pour le père du Centre national de la mer une très grande fierté « j’étais seul au début ». Aujourd’hui encore, il assiste au conseil d’administration de Nausicaá à titre consultatif, avec la satisfaction du devoir accompli. Le gamin qui tentait d’apprendre à nager face au port boulonnais à réalisé son rêve, partager avec des millions de personnes sa passion de la mer.
« C’était ma passion ! »
En 2013, Guy Lengagne reçoit la Légion d’honneur (comme son père avant lui) des mains de François Hollande. Le père de Nausicaá a dédié sa vie au monde maritime. Responsable des questions maritimes au sein du Parti Socialiste, il fut le secrétaire d’État à la Mer de François Mitterrand dès 1983. Son nom reste indissociable de la loi littoral, encadrant l’aménagement de la côte pour protéger les littoraux.