Jeudi dernier, à la manifestation de Douai contre la réforme des retraites, nombreuses professions s’étaient réunies pour dire non au nouvel âge légal envisagé de départ : 64 ans.
10 heures. Ils sont chauffeurs routiers, maçons, professeurs ou encore psychologues sous le froid place d’Armes à Douai. Si sans surprise, les syndicats brandissent leurs plus belles banderoles, ce sont des dizaines de femmes et d’hommes qui les entourent. Tous ont un point commun (au moins) : ils refusent de travailler plus longtemps.
Les métiers « pénibles » en première ligne
« Nous, dans les travaux publics, on fait pas partie des carrières longues. Je vais devoir faire un an voire un an et demi de plus. On a mal au dos, on a du rhumatisme, le corps ne suit plus. Vers 60 ans, ça va être très compliqué » nous dit inquiet Mohammed, 53 ans. Nordine, son collègue et ami surenchérit : « J’ai 48 ans et je sens déjà que physiquement c’est dur. Alors 64 ans… ».
Qu’est-ce qu’un métier pénible ?
« Je sais que ce qui est pénible, c’est de vieillir » clame Roger, 68 ans ancien professeur retraité. Aujourd’hui, selon le gouvernement, la pénibilité au travail se définit traditionnellement par trois facteurs : des contraintes physiques marquées, un environnement agressif ou un certain rythme de travail. L’exécutif précise aujourd’hui qu’elle sera en réalité évaluée au cas par cas. Mais pour Caroline, 33 ans, psychologue, il n’y a pas que la pénibilité physique qui doit être prise en compte : « J’ai la chance d’être dans un bureau bien au chaud, mais pour moi, la pénibilité est plutôt émotionnelle. Clairement travailler toute ma vie à entendre des choses assez lourdes, je ne l’envisage pas ».
Se mobiliser pour la jeunesse
« Je sais déjà que je vais devoir partir à 67 ans pour avoir une retraite décente, je suis là aujourd’hui surtout pour mes enfants » nous livre Joanne, 48 ans, agent des impôts et inquiète pour l’avenir. Si les étudiants ne sont pas trop présents ce matin, leurs aînés semblent les représenter : « Je suis là pour les jeunes car l’avenir qu’on leur prépare est assez ignoble », soupire Frédéric.