Depuis 2016, le collectif Les Glorieuses calcule chaque année la date à partir de laquelle les femmes travaillent « gratuitement ». En 2025, ce seuil tombe le 10 novembre, symbole d’un écart salarial encore bien réel entre femmes et hommes en France.
Lundi 10 novembre, 11 h 31, 22 secondes. Les femmes travailleront « gratuitement » jusqu’à la fin de l’année. C’est ce qu’annonce le collectif féministe Les Glorieuses, qui depuis neuf ans calcule symboliquement la date à laquelle les Françaises cesseraient d’être payées si l’on tient compte des inégalités salariales. En 2025, l’écart moyen est encore d’environ 14 % en défaveur des femmes, selon les dernières données publiées par l’INSEE.
Des chiffres révélateurs
Si cette différence a reculé de dix points depuis le début des années 2000, elle reste importante, laissant prévoir une égalité salariale parfaite seulement pour 2163, d’après le collectif. Deux jours ont toutefois été gagnés par rapport à l’année précédente.
Clémence, 29 ans, a travaillé deux ans comme « Customer Success Manager » dans une start-up parisienne. Après avoir pris davantage de responsabilités, elle a demandé une augmentation qui ne lui a jamais été accordée. En mars 2025, elle opte pour une rupture conventionnelle. Ce n’est qu’après son départ qu’elle constate une différence de traitement : « J’ai appris que mon successeur masculin, arrivé après moi, était mieux payé pour le même poste et le même temps d’ancienneté. » Le cas de Clémence reflète une situation encore courante en entreprise, où les écarts se creusent notamment lors des évolutions de carrière et des négociations salariales

Il faut du courage mais c’est possible !
Dans un secteur agricole encore très masculin, Claire Vallet a pourtant su s’imposer. Avec son mari, elle fonde il y trente ans une entreprise spécialisée dans la diffusion de semences et de fournitures horticoles. Dès le départ, chacun a son domaine d’expertise : lui auprès des maraîchers, elle auprès des horticulteurs. Une complémentarité qui fait grandir l’entreprise au fil des années. Sur le plan salarial, les deux dirigeants perçoivent une rémunération identique.
Aujourd’hui, Claire pilote l’essentiel de la gestion. Mais ce rôle, indispensable à l’entreprise, peine encore à être reconnu à l’extérieur : « Même en 2025, je dois parfois me battre avec certaines institutions pour que mon nom apparaisse sur les papiers. » Quand on est une femme entrepreneure, un autre défi vient s’ajouter : trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famille. « On ne débranche jamais, c’est parfois difficile surtout quand on est mère, il y a quelques sacrifices à faire. »
Malgré les obstacles, Claire reste convaincue que l’entrepreneuriat est une voie d’émancipation : « Il faut beaucoup de courage pour entreprendre en France, pour une femme comme pour un homme, mais c’est possible ! » Aujourd’hui, 30 % des acteurs de la chaîne entrepreneuriale sont des femmes, un pourcentage en légère hausse depuis 2021.
