À Calais, la crise migratoire reste la même depuis des années mais d’où qu’il vienne, tout être humain mérite de pouvoir obtenir des soins.
C’est ce que défend le Dr Carin, fraîchement diplômée. Cette jeune doctoresse en médecine polyvalente ne se sent pas complète sans ses journées passées à la Permanence d’accès aux soins et à la santé (PASS) de l’hôpital de Calais, où elle exerce 20 % de son activité. Ce service est à ses yeux un peu particulier car il n’accueille pas le même type de patientèle que d’habitude : tous les sans-papiers peuvent y venir, notamment les exilés, « Calais est un endroit stratégique pour eux, car c’est une zone stratégique de passage vers l’Angleterre ». Le Dr Carin rappelle que tout individu a le droit à un accès total aux soins, peu importe sa religion ou provenance. Évidemment, les enjeux de santé ne sont pas les mêmes que dans un service classique de l’hôpital. Tuberculose, gale, bilharzioses ou encore tétanos. Ces maladies semblent tout droit sortir d’un autre temps. Pourtant les exilés y sont bel et bien confrontés : « Ce sont des maladies qu’ils attrapent dans leur pays, ou parfois directement à Calais, elles sont la conséquence de contacts rapprochés .
Des pathologies oubliées, mais pas pour les exilés
Mal soignées, ces maladies peuvent être mortelles, rappelle le Dr Carin. Ils y sont confrontés tous les jours : entre la tuberculose qui touche les poumons, ou la gale, qui est une maladie sexuellement transmissible, rien ne les épargne. C’est là qu’elle intervient, en mettant en place des actions pour les soigner. Ce qui l’anime : s’occuper des femmes. Le Dr Carin est aussi diplômée en gynécologie-obstétrique, et souhaite se spécialiser dans les mutilations. Pourtant, les femmes sont peut-être celles qui osent le moins venir à la PASS, par peur ou à cause d’une différence culturelle trop marquée. L’équipe médicale, est composée presque exclusivement d’hommes, ce qui n’arrange pas les femmes à venir. Cependant depuis son arrivée dans le service, en janvier 2025, le nombre de patientes a augmenté : « Il y a encore quelques mois, la santé de la femme et des enfants n’était pas du tout développée », explique la praticienne. Les femmes ont du mal à se laisser examiner par un homme, car dans certaines cultures, les questions de sexe sont taboues, voire interdites. Il y a même de grosses violences gynécologiques là d’où elles viennent. Elles restent même mutiques face au traducteur Reza, qui aide à la bonne compréhension entre le Dr Carin et ses patientes : « Elles ne veulent rien dire à propos de ce qu’elles ont subi, que ce soit des viols, excision ou infibulation ». La plupart de ses patientes ont subi des viols ou des mutilations : « Elles ont toutes entre 15 et 25 ans, et ont toutes soufferts de quelque chose de très grave ». Le suivi n’est pas facile, et dépend du souhait de la patiente d’aller en Angleterre ou non. Depuis le mois de févirer, le Dr Carin a ausculté trois femmes, dont une avec un accouchement imminent. Depuis, plus de nouvelles d’elles, ni du bébé…