Le 2 avril, une nouvelle loi concernant la prostitution a été votée par le gouvernement belge. Une avancée historique qui devrait aider les travailleuses du sexe ; notamment à Bruxelles. Nous sommes allés à leur rencontre.
La rue d’Aerschot, située dans le secteur de Schaerbeek à Bruxelles, est devenue au fil du temps la vitrine de la prostitution belge. À deux-pas de la Gare du Nord, celle-ci attire une clientèle en quête de sexe. Lorsqu’on y entre, l’atmosphère est froide et pesante. La rue est déserte, grise, glauque. Plus on avance, plus on y voit des bars dont les devantures exhibent des femmes dénudées. Les prostituées se posent, dansent, se recoiffent pour tenter d’attirer le client.
Musique à fond
Certaines sont seules, d’autres sont plusieurs au sein du même salon. Les vitrines sont souvent silencieuses mais parfois, la musique résonne. Il est compliqué de les approcher pour leur parler. La porte d’entrée ne s’ouvrant que de l’intérieur, c’est à elles de choisir si elles acceptent de vous faire entrer. Nous sommes allés à la rencontre de plusieurs d’entre elles, et avons essuyé quatorze refus ; aucune ne souhaitait témoigner. Nous apercevons ensuite une vitrine colorée de néons rouges. La jeune fille qui se trouve à l’intérieur danse devant son miroir, la musique à fond. L’endroit semble plus chaleureux que les autres, elle nous sourit et nous ouvre la porte. Elle accepte de nous raconter son histoire.
Je ne suis ici que pour l’argent
Elle s’appelle Aureniu et vient d’un petit village en Roumanie. La femme de 25 ans travaillait dans un bar de son pays, mais n’y gagnait que 500 € par mois. Elle a décidé d’émigrer en Belgique, il y a plus d’un an : « Je suis venue pour l’argent ». Elle vit aujourd’hui en colocation avec une de ses amies, venue dans le pays pour les mêmes raisons. Toutes les deux sont travailleuses du sexe rue d’Aerschot. Aureniu travaille le jour, son amie, la nuit. « Nous choisissons nos horaires. Nous louons la vitrine pour 12 h, de 8 h à 20 h, ou de 20 h à 8 h », explique-t-elle. La raison pour laquelle la jeune femme préfère travailler la journée est simple : la sécurité. Elle nous explique avoir des clients habitués qui viennent la voir avant d’aller travailler le matin. La location de la vitrine coûte 250 € la demi-journée. Pour couvrir ses frais, Aureniu doit réaliser environ six prestations de 15 minutes, celle-ci coûtant entre 40 € et 50 €. Lorsque la jeune femme estime avoir récolté assez d’argent pour la journée, elle rentre chez elle.
Rentrer vite à la maison
Ses parents pensent qu’elle travaille toujours dans un bar. Elle refuse de leur dire la vérité, mais souhaite retourner en Roumanie dans un an. En gagnant 4 000 € par mois, la prostituée arrive à mettre mensuellement 2 000 € de côté. Tout à coup, on toque à la vitrine. C’est un client régulier d’Auréniu. Il est temps pour nous de sortir et de la laisser. Depuis la rue, on voit le rideau se refermer…