Que ce soit en Belgique, en Islande ou au Royaume-Uni, la semaine de quatre jours a été adoptée pour les salariés qui la souhaitent. En France, une phase de test va débuter dans notre région. Certaines PME ont pourtant déjà choisi ce mode de fonctionnement depuis plusieurs mois.
Après six mois de test, les résultats au Royaume-Uni sont surprenants : 92 % des entreprises qui s’étaient engagées à essayer la semaine de quatre jours veulent continuer sur cette voie. Le taux de burn out est en baisse de 71 %, le taux de départ de l’entreprise s’est réduit de 57 %, et le nombre de jours d’arrêt maladie a connu une réduction de 65 %. En France, l’idée serait de réduire la semaine de travail à quatre jours au lieu de cinq, en passant d’un 35 heures à un 36 heures pour environ 9 heures de travail par jour.
Premier test officiel dans la fonction publique
Dès le 1er mars, les salariés volontaires de l’Urssaf Picardie entreront en phase de test, et cela pendant un an. Anne-Sophie Rousseau, directrice adjointe de l’organisme, explique qu’« une enquête auprès des employés avait eu lieu en été dernier. 108 d’entre eux étaient favorables à ce test, dont 38 qui étaient prêts à se porter volontaires ». Mais à quelques jours du début du test, seulement trois d’entre-eux sont dorénavant volontaires, « un écart important qui s’explique facilement » admet la directrice adjointe. « J’ai été moi-même à la rencontre des salariés qui m’ont expliqué que, pour eux, une journée de 9 heures de travail était impossible en termes d’organisation professionnelle et personnelle. »
Cependant, Anne-Sophie Rousseau ne doute pas que d’autres volontaires pourront s’ajouter lors de la phase de test : « Les salariés sont déjà satisfaits d’avoir ce choix ». Dans un an, elle espère « moins d’arrêts maladies, moins de ruptures d’activité et des salariés ravis de cette expérimentation. Le gouvernement compte suivre cette phase de test de près. On est très attendu sur notre bilan. »
Des entreprises déjà dans le bain
S’il s’agit là du premier test officiel, d’autres entreprises ont déjà fait un pas vers cette l’idée. C’est le cas de MJ Conditionnement, une entreprise de l’Aisne spécialisée dans la formulation et le conditionnement d’aérosols. Pour Steve Erca, le directeur d’usine, « il n’y a que des points positifs. Puisque l’entreprise est fermée un jour de plus par semaine, on gagne 20 % sur le chauffage en hiver, on économise 5 000 euros chaque année en gain d’énergie et de productivité. Les salariés font également une économie de 600 euros par an sur le carburant ». Chez MJ Conditionnement, la semaine de quatre jours n’est plus en période d’essai mais elle est devenue une norme de l’entreprise : « On est étonné d’être une des rares entreprises dans le secteur à avoir eu l’idée. C’est quelque chose dans l’air du temps ».
À Roncq dans le Nord, Morgan Tognarini est le gérant d’ETS Senave, une entreprise familiale spécialisée dans la menuiserie. Depuis octobre dernier, la semaine de quatre jours est aussi entrée dans le fonctionnement de l’entreprise. « On avait du mal à recruter, c’était donc un argument supplémentaire tout en fidélisant les salariés que nous avons déjà ». Il admet que « ce n’est pas faisable partout, mais 35 heures en quatre jours, c’est tout à fait possible ». À l’issue du test de l’Urssaf Picardie, la semaine de quatre jours pourrait se généraliser dans la fonction publique, voire dans d’autres secteurs.