La Villa Cavrois, le joyau de notre patri­moine régional, ouvre ses portes

À la veille des Journées du patri­moine, prévues les 16 et 17 septembre prochains, un vaisseau de briques jaunes s’apprête à ouvrir ses portes. Un voyage dans le temps, entre art déco et Bauhaus, au sein de la Métropole euro­péenne de Lille. Cette col­lec­tion n’attend plus que d’être admirée…

Au bord d’une allée de chênes, perdue entre les cyprès et les pins, une tourelle d’usine trans­perce le ciel. Après le grand portail de fer brunâtre, se dessinent des lignes droites, enche­vê­tre­ment de cubes et de cylindres. Au bout du canal qui longe le parc, dans le reflet d’une eau bleutée, se dresse en majesté celle qui, depuis 2015, porte le nom de Villa Cavrois. Face au patio de briques, s’immisçant entre les impo­santes baies vitrées en fer forgé se dresse un hall d’entrée, dénué de toutes osten­ta­tions. Un style épuré, seule la ligne droite et l’espace est luxe. Condamnée à la des­truc­tion il y a vingt ans, la voilà bientôt centenaire. 

Naissance d’une œuvre

Construite à l’apogée de l’ère indus­trielle, la demeure est édifiée telle une œuvre d’art cubique de plus de 1800 m². Commandée en 1929, par Paul Cavrois à l’architecte Robert Mallet-​Stevens, vendue en 1986 et vidée de ses meubles et de ses tableaux de maîtres, elle fut sauvée de la ruine en 2001. L’État l’a confiée au Centre des monuments nationaux. Une réha­bi­li­ta­tion en col­la­bo­ra­tion étroite avec archi­tectes et archi­vistes spé­cia­listes de cette période.

Acquisition per­ma­nente

« C’est un long travail. Restaurer la maison Cavrois telle qu’elle était prendra encore du temps » explique Alice, bénévole et guide au sein du musée. Si murs et pièces ont aujourd’hui retrouvé leur lustre, le mobilier quant à lui est toujours acti­ve­ment recherché. Éparpillés par Christie’s et Sotheby’s, il faisait partie inté­grante de la création de Robert Mallet-​Stevens, mais surtout de l’âme de la maison. « Dernièrement le Centre des monuments nationaux a travaillé en étroite col­la­bo­ra­tion avec les four­nis­seurs his­to­riques de la maison. Si une pièce n’est pas retrouvée en salle des ventes, alors c’est un travail d’interprétation et d’archive qui sera effectué ». Rien que l’année dernière, ce travail scien­ti­fique a permis de réin­tro­duire dans de nom­breuses pièces des éléments de décor. Notamment une gar­gan­tuesque table à manger, en chêne et poirier noirci vernis, dessinée des mains de l’architecte. Hier demeure familiale, aujourd’hui musée, la Villa Cavrois n’a de cesse de se réin­ven­ter, entrant même dans le 7^e art en 2020, en devenant le décor du clip de Clara Luciani.