Aucune liste, aucun parti n’a réussi à la battre sur neuf élections. Elle y atteint des sommets et a déjà culminé à 60% du corps électoral : l’abstention durant les élections des eurodéputé.e.s français.e.s.
Depuis les premiers sondages d’intention de vote ces dernières semaines, les médias se pressent sur la domination consternante du Rassemblement National. Près de 30%, si les scrutins valident les sondages, ce serait le record historique du parti d’extrême droite français aux élections européennes. Pour autant, ce record risque de s’inscrire dans un contexte habituel de non-participation.
Les dernières élections européennes de 2019 avaient rassemblé en France seulement 50,5% du corps électoral auprès des urnes. Le plus déroutant, c’est qu’à cette époque, on parlait d’une « participation en rebond » dans Le Monde. En effet, la moyenne de participation depuis 1999 pour ces élections ne dépasse pas 42%. Si cette faible participation devient une habitude pour ce scrutin, elle s’est aujourd’hui propagée aux autres rendez-vous électoraux. La dernière élection présidentielle en est témoin avec un quasi-record d’abstention au second tour en s’élevant à 28,01% (le record absolu pour un second tour d’élection présidentielle provient de 1969 et la victoire de Georges Pompidou). Et l’engouement autour de l’élection des représentants politiques ne semble pas être revenu depuis. En juin dernier, l’Eurobaromètre estimait que seulement 40% des français étaient intéressés par les européennes.
Cette chute de l’attention accordée aux élections européennes, l’Eurobaromètre de juin 2023 l’explique également par l’insatisfaction des Européens, et particulièrement des Français vis-à-vis des politiques menées. 60% des citoyens de l’UE seraient insatisfaits des politiques mises en place pour lutter contre l’inflation et estiment leur niveau de vie se dégradé. Moins de la moitié des sondés serait satisfait du Pacte vert européen et des politiques migratoires et d’immigration mis en place par l’UE.
L’abstention peut également résulter de la complexité de la structure européenne. Pour rappel, il s’agit d’un scrutin proportionnel plurinominal, où le nombre de voix obtenues détermine le nombre de sièges. Chaque camp présente une liste, et plus un parti ou un groupe de partis obtient de voix, plus le nombre de candidats de sa liste qui peuvent siéger au Parlement européen augmente. À titre d’exemple, lors des élections de 2019 en France, la liste menée par Jordan Bardella a remporté 23 % des suffrages, ce qui lui a valu l’attribution de 23 sièges au Parlement européen. Enfin, pour qu’une liste puisse obtenir des sièges, elle doit avoir réuni au moins 5 % des suffrages.
Les JO, potentiel facteur d’abstention ?
Le rendez-vous des électeurs est fixé au 9 juin prochain en France, sept semaines avant le début des Jeux de Coubertin. Pourtant, certains observateurs, tels que Arthur Nowicki, conseiller en communication, y voient une réelle corrélation des calendriers susceptible d’accentuer l’abstention. Il évoque notamment des problèmes logistiques et de circulation dans les villes hôtes des Jeux olympiques en premier lieu. L’organisation de meetings et d’autres opérations militantes pourrait également être perturbée. Enfin, Arthur Nowicki envisage également une pénurie d’assesseurs.
Pour autant les campagnes électorales sont bel et bien lancées dans chaque camp. La réponse aura lieu le 9 juin prochain, dans tous les bureaux de vote de France.