Dans un peu plus d’un mois, les Allemands se rendront aux urnes pour élire les nouveaux députés du parlement ainsi que leur nouveau chancelier. Quelle est la situation du pays à l’approche de cette échéance ?
Depuis l’annonce faite par le président allemand Frank-Walter Steinmeier le 27 décembre dernier, le Parlement allemand a été dissous et les différents partis politiques ont démarré leurs campagnes en vue des prochaines élections législatives le 23 février prochain. La coalition formée par le chancelier Olaf Scholz s’était déjà effondrée il y a quelques mois de cela et, après un vote de confiance perdu par celui-ci le 16 janvier, la fin de l’actuel Parlement semblait inévitable. À l’issue de ce vote, le parti qui arrivera en tête des élections verra son chef de file devenir le prochain chancelier allemand. Dirigeant du parti de centre-gauche le SPD, Olaf Scholz est tout de même candidat à sa réélection malgré une impopularité accrue qui place son parti troisième des actuels sondages avec seulement 15% d’intention de vote.
Friedrich Merz et les CDU/CSU, largement en tête.
En tête des sondages avec plus de 30%, on retrouve l’alliance entre l’Union chrétienne-démocrate (CDU) alliée à l’Union chrétienne-sociale bavaroise (CSU). À sa tête se trouve un visage ancien et bien connu de la politique allemande du nom de Friedrich Merz. Appartenant au même parti politique qu’Angela Merkel, le chrétien-démocrate est cependant souvent présenté comme l’anti-Merkel et même l’éternel rival de celle-ci. En 2002, il est écarté par l’ex-chancelière de son poste stratégique de président du groupe parlementaire lorsque celle-ci récupère la tête du groupe parlementaire au Bundestag. Il finit par se retirer de la vie politique en 2009 avant de faire son retour lorsqu’Angela Merkel se retire. Président du parti depuis 2022, il est aujourd’hui le chef de l’opposition et il tient peut-être enfin sa revanche sur sa rivale. Tête d’affiche des valeurs conservatrices, ses opposants le critiquent notamment pour son manque d’expérience car il n’a encore jamais occupé de fonctions ministérielles ou gouvernementale. Angela Merkel lui a apporté un léger soutien non sans un peu d’amertume : « Qui est arrivé aussi loin doit bien avoir des qualités qui lui permettent d’y parvenir. »
L’émergence de l’AfD.
À l’image de son voisin français, l’Allemagne connait aussi une grande montée de l’extrême droite avec la croissance de l’Alternativ für Deutschland. Le parti de droite radicale, célèbre pour ses positions anti-immigration, anti-LGBT et nationaliste, place à sa tête Alice Weidel et se classe deuxième des sondages actuels avec un peu moins de 20% d’intention de voix. Le parti compte sur un soutien de poids en la personne d’Elon Musk pour qui « l’AfD est le seul parti à pouvoir sauver l’Allemagne ». Le multimilliardaire a d’ailleurs organisé une conversation en direct avec la cheffe de file du parti sur son réseau social X, une aubaine pour la candidate dont le parti est cependant loin de faire l’unanimité en Allemagne. Personne ne désire encore s’allier avec le parti en vue d’une potentielle coalition. Une bonne partie de la population reste encore fermement opposée à la possibilité de voir un parti d’extrême droite au pouvoir. Le week-end dernier, plusieurs milliers de manifestants étaient rassemblés à Riesa, dans l’est de l’Allemagne, pour protester contre un congrès du parti programmé en vue des élections. En arborant le slogan « Non aux Nazis ! », le message est plus que clair : la présence de l’AfD au sein du gouvernement n’est pas désirée.
Au-delà du candidat et de son parti qui remporteront les élections le 23 février prochain, les négociations devront encore se faire pour savoir quelle coalition formera le prochain Parlement allemand. L’issue des élections d’une des nations les plus fortes de l’Europe sera un tournant majeur pour le pays et l’Union européenne.