Plusieurs ministères ont été supprimés, des privatisations ont été exécutées, mais pour Javier Milei, président argentin, il faut que la liberté continue à avancer.
Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique), l’inflation argentine pourrait atteindre les 250% en 2024. Il faut savoir qu’à tort ou à raison, cela faisait partie des prévisions du programme de La Libertad Avanza. Les journalistes de la Tribune y reconnaissent le phénomène de « stagflation » : lorsque la croissance faiblit alors que l’inflation explose, cela implique une récession et un taux de chômage élevé. Les politiques d’austérité renforcent immanquablement ce phénomène à leur départ.
Dans les lignes de « El País », Javier Milei prévoit de redresser la barre d’ici « 12 à 24 » mois. S’il serait facile de crier à la fraude, il faut rappeler que les allégations de l’économiste libertarien sont soutenues par le FMI (Fonds Monétaire International). « La directrice du FMI estime que la politique économique de Javier Milei est “audacieuse” » titre BFMTV.
En effet, le 31 janvier, Kristalina Georgieva se satisfait de voir que « la nouvelle administration argentine engage des mesures pour restaurer la stabilité macroéconomique et commence à s’attaquer aux obstacles à la croissance ». Pour soutenir cet élan, le FMI a débloqué une petite enveloppe de 4,7 milliards de dollars. En échange, Buenos Aires s’est engagé à atteindre dès 2024 un excédent budgétaire. Il faut cependant rappeler que c’est la septième fois que le FMI intervient sur la restructuration de la dette argentine, le pays ayant déjà bénéficié de 44 milliards de dollars de l’institution par le passé.
Et pour s’essayer à la thérapie choc de Milei, il va falloir gagner le Parlement après avoir gagné les urnes.
Premier revers pour Milei : la pilule d’austérité « omnibus » ne passe pas
Les manifestations dans le pays se multiplient depuis l’élection de Milei. Une contestation intense est soulevée par une opposition constituée de partis implantés dans le pays depuis plus de 50 ans. L’objet : la loi « omnibus », un paquet de réformes libérales incluant la privatisation de 40 entreprises, la délégation de pouvoirs étendus à l’exécutif face à « l’urgence économique », des baisses de taxes sur l’énergie et bien d’autres domaines. Les jours de sessions marathons dans l’assemblée argentine se succèdent, sur fonds de heurts avec la police à l’extérieur.
Malgré tout, la loi passe, à 144 voix contre 109. Une victoire amère pour Milei, puisque le mille-feuille de la loi « omnibus » comportait 664 articles, dont seuls 224 ont survécu au détricotage. Trop amère puisque le gouvernement du président argentin finit par retirer le projet de loi, préférant sa dissolution plutôt que de le voir dévoyé. Certainement pour monter son incapacité à agir selon le programme avec lequel il a été élu plutôt que de jouer à un jeu sur lequel à long terme il serait perdant en dépôt de bilan.
Sur X, Javier Milei enrage : « Durant toute la campagne, nous avons dit que nous allions envoyer nos projets au Congrès et que les politiques allaient devoir décider de quel côté de l’histoire ils souhaitent être » (…) « il n’y a pas de plan B, pas d’alternative à l’austérité et à la dérégulation pour stabiliser une économie structurellement endettée et saoule d’une inflation record. »
Cela vous rappelle peut-être l’accent britannique d’une certaine Margaret Thatcher ? « There is no alternative ». Et à propos de la dame de fer et de libre échange, ce mercredi Milei recevait son homologue du Paraguay sur la ratification du Mercosur. Le dossier semble continuer à faire sa route entre l’Union Européenne et l’alliance économique d’Amérique latine, la France et ses agriculteurs semblent être les cocus de l’histoire.