Situé rue Colbert dans le quartier Vauban à Lille, le Casier du Nord offre, depuis juin, la possibilité de se servir des plats traiteurs à toute heure de la journée. Désirant au départ se positionner sur le marché des étudiants, il a néanmoins été contraint de changer de cible, le pouvoir d’achat s’étant fortement affaibli.
Comme tous les matins, Ambroise place dans les casiers, des plats fraîchement préparés qui trouveront un chanceux affamé. Étudiant en école de commerce à SKEMA, Ambroise lie depuis juin dernier études et entreprise familiale. Il y a plus de sept mois, son père, Antoine, et lui-même ont ouvert le Casier du Nord. Véritable restaurant 2.0, le local offre aux clients la liberté de consommer des plats traiteurs, et ce, à n’importe quelle heure de la journée, grâce à une borne sur laquelle on choisit son plat avant de le récupérer dans un casier. Sans se reposer sur un serveur ou un vendeur, les clients ont ensuite la possibilité de manger sur place (un micro-ondes est mis à leur disposition) ou à emporter, si le boulot appelle. Si, comme toute entreprise, les débuts ont été plutôt compliqués, ils ont permis à Antoine de se rendre compte qu’un ajustement de cible était nécessaire.
L’inflation contraint les entreprises à changer de cibles
Lorsque l’on demande à Ambroise les futurs projets du Casier du Nord, ce dernier insiste sur le développement du B2B, sur la base de partenariats avec certaines entreprises qui profiteront de réfrigérateurs munis de puce RFID, capables de débiter automatiquement le salarié lorsqu’il se sert un plat. Pourtant, si aujourd’hui le local situé au 175 rue Colbert à Lille fait davantage office de « showroom » comme dit Ambroise, cela n’a pas été l’objectif premier du projet. En effet, dans le contexte inflationniste du pays et des difficultés rencontrées à se nourrir pour les étudiants, Ambroise et son père visaient dans un premiers temps cette catégorie de personnes ainsi que les travailleurs des bureaux. Avec des prix relativement bas (de 6 à 10 euros), Ambroise est certain d’avoir lancé Casier du Nord au « bon moment, alors que les méthodes d’alimentation sont en train de changer ». Malheureusement, les deux hommes ont peut-être sous-estimé la hausse des prix et surestimé le porte-monnaie étudiant. Dans la rue Colbert, Clément, un étudiant et habitant du quartier, nous fait part de son grand intérêt pour ce concept qu’il n’a « jamais vu dans le secteur alimentaire », mais qu’il est « impossible pour [lui] de manger ici tous les jours, alors qu’un repas au Crous en étant boursier est au prix d’un euro ». Il ajoute cependant : « Mais par contre, c’est une idée géniale, je vais essayer au moins d’y aller une fois ». Bien loin de la volonté première du père et de son fils…