Le prix du café a atteint son niveau le plus élevé depuis 50 ans. Les cours de l’arabica et du robusta n’ont cessé d’augmenter depuis plusieurs décennies. Et les facteurs de cette hausse sont multiples, mais elle reflète notamment la vulnérabilité des pays producteurs au changement climatique.
C’est un petit plaisir au goût de plus en plus amer. En rayon, le prix du café a fortement augmenté, vingt centimes en moyenne par paquet de café moulu depuis l’année dernière. Comme Bettina, ils sont beaucoup à avoir réduit leur consommation. « Maintenant je bois du café seulement deux trois fois par semaine, pour raison économique tout simplement » avoue la jeune femme dans le rayon des boissons chaudes d’une grande chaîne de supermarché. Dans un bistrot de la rue nationale à Lille, le patron a vu lui aussi le prix de son paquet s’envoler. « À l’époque, il y a 3 ans, juste avant la guerre en Ukraine, on était à 18,50 euros le paquet de 1 kilo », explique-t-il. « Maintenant, il est presque à 22 euros le kilo ». Son expresso est ainsi passé à 1,40 euro et il pense l’augmenter prochainement. Un pas déjà franchi par de nombreux cafetiers, une tasse coûte en moyenne 10 centimes de plus qu’en janvier dernier.
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Le réchauffement climatique et la géopolitique au cœur du problème
Les causes ? Elles sont multiples. Dans les principaux pays producteurs de café comme le Brésil ou le Vietnam, c’est le climat qui joue. Le réchauffement climatique entraîne sécheresses et autres phénomènes météorologiques, affaiblissant les récoltes. Qui dit mauvaise récolte implique une hausse des prix. En outre, un peu de spéculation et une situation géopolitique tendue salent la note. Et ce n’est pas tout. Le port de Santos au Brésil, le plus grand port de café au monde, connaît une situation tendue, avec des grèves et des containers perdus. De plus, la fermeture du canal de Suez engendre des coûts de transport et d’énergie supplémentaires. Sans oublier le prix du dollar qui est faible par rapport à l’euro, notamment depuis les élections américaines.
Des commerçants obligés de gonfler les prix
Les stocks sont donc au plus bas alors que le secteur était déjà à flux tendu, de quoi inquiéter Vincent un torréfacteur de la région lilloise. Dans son atelier Le Fou du Grain, cet artisan s’est spécialisé dans le café d’exception qu’il sélectionne avec soin auprès de producteurs locaux en Amérique du Sud. « Je fais du café qui coûte déjà un certain prix mais maintenant je suis obligé d’augmenter le prix du paquet entre 1 à 2 euros » explique-t-il. « Heureusement ma clientèle est assez fidèle, ce sont des gens qui aiment le café et qui sont prêts à y mettre un prix mais pour combien de temps ? », s’alarme le torréfacteur. Cette hausse devrait s’intensifier dans les prochains mois car le Brésil vient d’annoncer une baisse de sa production de 20%. L’élixir noir du matin va-t-il devenir un luxe ?