Éric Mamer, porte-parole en chef à la commission européenne de la présidente Ursula von der Leyen, vit au quotidien avec les représentants de la presse. Il nous a donné un entretien exclusif en plein cœur de la commission européenne, à Bruxelles, pour nous livrer son regard sur les journalistes et sur la presse de manière générale.
Cette tour de verre de Bruxelles Nord renferme tout un pouvoir exécutif européen : celui de la Commission européenne. Chaque jour, à 12 h, Éric Mamer peut s’entretenir avec plus 800 journalistes accrédités venant du monde entier. Derrière son pupitre, il évoque les décisions prises au sein de la Commission européenne. Vitrine de toute une institution, Éric Mamer doit jouer avec les mots pour répondre aux questions des journalistes, sans faire de faux pas. Un exercice aisé pour lui car cela fait plus de 30 ans qu’il cotoie les bureaux de la Commission. Il en est déjà à son dix ou onzième poste, il ne sait lui-même plus très bien, avoue-t-il…
Porter des messages officiels
Premier interlocuteur des journalistes s’occupant des dossiers européens, il nous explique sa fonction : « Mon rôle est de porter des messages officiels pour que les journalistes puissent les traiter sous différents angles, les analyser afin de les retransmettre au grand public. Mon but, c’est de donner aux journalistes la vision de la Commission européenne sur des dossiers précis, pas d’expliquer nos positions. » Au contraire, lorsque l’opinion entre en jeu, Éric Mamer, n’hésite pas à remettre en place ses interlocuteurs, « c’est souvent cordial, il y a très peu de tension dans la salle. Mais si un journaliste émet des opinions politiques, je me permets parfois de lui faire une remarque. Les journalistes ne sont pas ici pour mener des débats, ni pour donner des opinions politiques, mais on est ici, pour poser des questions », explique-t-il.
La presse en manque de moyens
Éric Mamer se déclare fervent défenseur de la presse et a su tisser des relations cordiales avec les journalistes qu’il tutoie souvent pendant les conférences de presse. Il avait justement déjeuné avec un journaliste le midi-même de notre rencontre. Cette proximité lui permet d’avoir un œil avisé sur les défis auxquels la presse fait face. « Les journalistes doivent dénicher des articles très techniques et politiques quand ils viennent à la Commission européenne. Mais malgré tout, ils ont peu de temps pour maîtriser ces sujets complexes. D’autant plus qu’ils sont très peu nombreux pour couvrir une matière gigantesque. Alors qu’en réalité, c’est en étudiant le cœur d’un dossier et en le comprenant, que des papiers se démarquent des autres. L’enjeu se cache derrière la technicité. » Il lie ce problème aux difficultés économiques des médias : « Les médias n’ont pas assez de moyens. Ils travaillent dans des conditions pas toujours faciles », affirme-t-il. Néanmoins, sans la presse, le métier d’ Éric Mamer perd tout son sens. Chaque matin, très tôt, il lit les journaux ayant traités les sujets portant sur Ursula von der Leyen. Mais ce sont des lectures très rapides, « On n’a souvent pas le temps de lire des articles de manière approfondie. On essaye d’avoir un point de vue général. Ce n’est que lorsqu’il y a un problème, qu’on se doit de lire les papiers dans les détails ». Mais Éric Mamer regrette de ne plus avoir le temps de lire ses journaux préférés, en passant de l’International New-York Times, Le Monde, Les Échos, El Pais et peut-être bientôt, Contrepoint.