Des marées violettes ont déferlé dans les rues de France samedi 19 novembre à la suite de l’appel du collectif #NousToutes visant à dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Le collectif demande un budget de 2 milliards d’euros par an et une application de la loi Aubry datant de 2001 qui instaure l’obligation des cours d’éducation à la sexualité et l’affectivité dans les établissements du secondaire pour lutter contre ces violences.
Alors que le cortège lillois de 3 500 personnes s’installe à République après une marche sous la fine pluie du nord, le collectif #NousToutes et les associations et partis signataires de l’appel à manifester prennent la parole. Besoin de budget, de formation des agents de police, et surtout d’éducation. Voici les termes qui se répètent dans les discours de chacune. L’éducation à la sexualité et à l’affectivité est primordiale dans la lutte contre les violences liées au genre. Or celle-ci n’est que partiellement mise en place dans les écoles de la République.
Sur le site du gouvernement Eduscol, les directives concernant l’éducation sexuelle dans le secondaire sont claires : depuis 2001 « Au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité sont mises en place dans les collèges et les lycées. Elles relient et complètent les différents enseignements dispensés en cours. » Or, une enquête accablante réalisée par #NousToutes en 2021 révèle la non-application de la loi. « Les répondant·e·s ayant suivi au moins 7 années de collège et lycée ont reçu en moyenne 2,7 séances d’éducation à la sexualité pendant toute leur scolarité, au lieu des 21 séances minimum prévues par la loi. » Nous sommes très loin du compte.
Les cours d’éducation sexuelle au bon vouloir des chefs d’établissement
Les trois séances annuelles prévues par la loi Aubry ne sont en fait appliquées qu’au bon vouloir des collèges et lycées, si le personnel enseignant est volontaire et formé. Souvent, l’éducation à la sexualité se limite au programme de SVT. La sexualité est abordée sous les thématiques de risques – risques d’infections sexuellement transmissibles (IST), risques de grossesses – et rares sont les éléments nécessaires à appréhender la vie affective, tels que le plaisir ou le consentement. Il ne faut pas oublier que le clitoris, organe uniquement dédié au plaisir féminin n’est apparu dans les livres de biologie qu’en 2017. Or, c’est bien l’éducation au consentement qui permet une baisse des violences sexuelles. Toujours selon l’enquête #NousToutes « le fait d’avoir abordé le consentement lors d’au moins une séance fait passer de 15% à 82% la part des personnes déclarant qu’elles connaissent sa définition et veilleront à le faire respecter dans leurs futures relations. De même, aborder les violences sexuelles fait passer de 11% à 50% la part des répondant.es se disant capables de repérer une situation de violence si un·e ami·e leur en parle. »
Du violet et des pancartes dans toutes les rues de France
Il y a urgence. Alors que la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes arrive à grands pas (25 novembre), #NousToutes a pris les rênes d’un combat mis de côté par le gouvernement : celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Samedi 19 novembre, près de 80 000 personnes à Paris, et 3 500 à Lille, sans compter les marcheuses et marcheurs dans d’autres villes de l’hexagone ont arboré avec fierté la couleur violette. « Tu n’y es pour rien », « je te crois », « Sandrine, 35 ans, 12⁄06 », « sans oui, c’est non » et tant d’autres pancartes étaient brandies en soutien aux victimes de viols et de féminicides. Ce sont les slogans « Éduquons nos fils », et « boys do cry » qui appellent au changement d’éducation dans notre société strictement genrée.