L’histoire est omniprésente au sein du centre-ville lillois, du fait des nombreux monuments historiques. Mais parfois, elle se présente à échelle réduite.
Peut-être ne les avez-vous jamais remarqués, mais lorsque vous levez les yeux pour observer les façades des bâtiments présents sur la place du Théâtre, vous pouvez observer des boulets de canons implantés dans les murs. Ces derniers font référence au siège autrichien de 1792.
La France entre en guerre pour propager son modèle républicain
En 1791, les monarchies limitrophes à la France sont inquiètes quant à la Révolution française. Elles redoutent une expansion du vent révolutionnaire, ce qui pourrait mettre en péril la stabilité monarchique de leurs pays.
Du côté de la France, l’Assemblée Législative continue d’être le théâtre des déclarations de la part des girondins. Ces derniers, par l’intermédiaire de Jacques Pierre Brissot, accusent l’empereur Léopold II qui est le frère de Marie-Antoinette et père de François II, d’être l’ennemi de la France révolutionnaire. Il faut donc l’abattre.
Poussée par l’idéologie révolutionnaire et anti-impérialiste présente à l’Assemblée, la France déclare la guerre à François II, fils de Léopold II décédé, roi de Bohême et de Hongrie le 20 avril 1792. Ce dernier est également archiduc d’Autiche, du fait de son appartenance à la maison des Habsbourg.
Le siège autrichien : une action pour contenir la vague révolutionnaire
Suite à cette déclaration de guerre, les Autrichiens vont donc envahir la France. Cette dernière, affaiblie par de nombreuses défaites militaires, ne peut repousser les avancées autrichiennes. Ils vont peu à peu entourer Lille, poussant cette dernière en état de siège.
Le 29 septembre au matin, un officier supérieur autrichien vient présenter la sommation du commandant général de l’armée impériale, Albert de Saxe. Cette sommation demande aux troupes lilloises de ne pas résister. Si tout acte de résistance venait à se faire, alors Lille serait bombardée par l’artillerie.
Évidemment, Lille ne se rend pas. Bien au contraire, par l’intermédiaire de son maire François André-Bonte, elle présente sa fidélité à la nation française.
Lille souffre mais ne se rend pas
Suite à la déclaration de Lille, les troupes autrichiennes bombardent la ville du Nord. L’enfer s’abat sur la population, les boulets de canon ne cessent de pleuvoir.
Pendant plusieurs jours, les lillois vivent avec le bruit des explosions, autour de bâtiments détruits. Toutefois, ils ne se rendent pas, persuadés que la République triomphera.
Finalement, l’artillerie française arrive pour apporter son soutien, la défense se met en place. Pendant que l’artillerie française répond aux attaques autrichiennes, les Lillois essayent tant bien que mal d’éteindre les nombreux incendies qui ravagent leur ville.
Au bout d’une semaine de siège, du 29 septembre au 6 octobre 1792, les troupes autrichiennes cessent les bombardements et commence à reculer.
Lille a su résister à un pays tout entier. Devant pareil exploit, les représentants de la Convention nationale proclameront deux jours plus tard : « Vous venez de prouver à l’Europe votre amour pour la liberté et votre haine pour la tyrannie. Citoyens, vous avez bien mérité de la patrie ».
Les boulets implantés dans les murs des bâtiments permettent de mettre en avant la résistance dont a fait preuve Lille en 1792. On en trouve sur le rang Beauregard, dans la rue de la Bourse et dans la rue de la Monnaie. Un boulet se démarque des autres. Situé place du Théâtre, ce dernier est de couleur rose et fait penser à un sein. Il fait référence à l’ancienne bonneterie MOREL, devenu désormais l’un des cafés les plus réputés de Lille.