Rue Léon Gambetta à Lille, il ne reste rien de l’accident qui s’est déroulé le 8 février dernier. Une jeune femme de 23 ans est décédée, percutée par un jeune chauffard au volant d’une voiture de 333 chevaux. Cette route, sans ralentisseurs, limitée à 30 km/h, est le théâtre d’excès de vitesse.
C’est une des rues les plus longues de Lille. Une ligne droite, des feux presque toujours verts, zéro ralentisseurs, les riverains se plaignent des excès de vitesse. Pour Louise qui habite dans le quartier, « les voitures roulent vraiment vite. Elles brûlent souvent les feux quand ils sont rouges, c’est assez dangereux. La nuit surtout il faut faire attention car les piétons traversent mais les voitures ne les voient pas forcément ». C’est justement la nuit que s’est déroulé l’accident qui a provoqué la mort de l’étudiante il y a deux semaines. Les commerçants sont les témoins de ces excès quotidiens. « Ici ça roule vite, ça klaxonne » précise Eva, vendeuse au Primaprix, « ce sont des incivilités en permanence ».
« À partir de 300 chevaux, on est sur des voitures puissantes »
Face à cette criminalité routière, Audrey Linkenheld, sénatrice PS du Nord, a déposé une proposition de loi visant à sécuriser tous les usagers de la route. La mesure phare de cette loi : interdire la location et l’achat de voitures puissantes. Mais au fait, qu’est-ce que c’est ? « Les voitures puissantes sont des véhicules qui ont un moteur hyper performant. On va dire que à partir de 300 chevaux, on est sur une voiture puissante. Et ça peut encore monter en gamme avec des voitures surpuissantes à 1000 chevaux par exemple » selon Jules Warembourg, propriétaire d’une agence de location de voiture lilloise. Cela signifierait alors que si la loi est votée, les jeunes permis (moins de deux ans) ne pourraient pas louer ce type d’engins.
Audrey Linkenheld, dans une interview pour France 3 Hauts-de-France, a expliqué vouloir « encadrer l’utilisation de véhicules surpuissants par des conducteurs inexpérimentés ». Selon les statistiques en 2019, près de 20% des accidents de voitures ont été commis par des conducteurs novices ayant moins de deux ans de permis. Le plus souvent, ils sont au volant de voitures rapides. « Quand on est un conducteur inexpérimenté, alors il est interdit de louer, de conduire ou d’acheter un véhicule surpuissant » précise la sénatrice.
Le stratagème des jeunes permis
Mais les loueurs de voitures sont confrontés à un problème majeur : les fausses identités. En effet, pour louer une voiture, il faut un minimum de deux ans de permis. Plus la voiture est puissante, plus l’ancienneté doit être élevée. Mais certains jeunes conducteurs parviennent à se procurer des véhicules grâce à leurs parents ou à de fausses cartes d’identité. Dans ce cas, explique Jules Warembourg, « on ne peut rien dire. On ne peut pas les accuser de vouloir conduire la voiture alors que la location n’est pas à leur nom et paraît en règle ». Le soucis des loueurs indépendants est également un problème. Les jeunes passent parfois par des réseaux officieux et donc illégaux. La loi tend donc à renforcer la sécurité routière en se concentrant sur les jeunes usagers de la route.