Les Samis sont un peuple vivant dans les terres scandinaves depuis l’an 93 de notre ère. Au fil des siècles, leur identité culturelle a été mise à rude épreuve par les colonisations successives. Comme c’est le cas pour de nombreuses populations autochtones autour du globe, les Samis doivent faire face au défi de la modernité. Que reste-t-il de leur héritage millénaire ?
On compte aujourd’hui entre 70 000 et 100 000 Samis répartis sur le cercle polaire arctique en Europe : en Norvège, en Suède, en Finlande et en Russie. Traditionnellement, l’activité principale des Samis est la pêche et la chasse. Pourtant, au cours du temps, les Samis ont fait preuve d’une impressionnante capacité d’adaptation.
Une population impactée de plein fouet par l’industrialisation
À l’origine, les Samis étaient un peuple nomade. Ils parcouraient des milliers de kilomètres à travers la toundra tirés par des attelages de rennes. Contrairement à la pensée occidentale, les Samis ne considéraient pas les territoires sous le prisme des frontières et des cartes. Leurs repères géographiques sont liés aux souvenirs associés à chaque lieu. Au XVIe siècle, lorsque les premiers colons suédois sont arrivés, la réduction drastique des espèces sauvages les a forcés à se sédentariser. Eux qui étaient originellement des trappeurs et pêcheurs ont été contraints de passer à l’élevage pour subvenir à leurs besoins. Leurs modes de vie ont été d’autant plus bouleversés à l’aune de la révolution industrielle. Au XXe siècle, les colons anglais et scandinaves ont entamé l’exploitation intensive des rivières en construisant des barrages ; des forêts et des montagnes avec l’extraction de minerais. Les activités industrielles se sont développées au détriment de la biodiversité et ont fortement contribué à modifier leur environnement.
Les Samis sont aujourd’hui impacté en première ligne par le réchauffement climatique. L’instabilité des températures hivernales provoque régulièrement des couches de glace sur la surface du sol qui empêchent les rennes de se nourrir.
Les Samis, victimes des discriminations
Au-delà des problématiques liées à leur mode de subsistance, les Samis ont souffert de nombreuses politiques discriminatoires qui ont mis en danger leur identité culturelle. Les Samis étaient autrefois appelés les « Lapon » : terme qui renvoie en suédois à une personne vêtue de haillons. Les politiques d’assimilation ont, au cours du temps, diminué le nombre de locuteurs de leur langue. La langue samé riche de près d’une dizaine de dialectes différents, est aujourd’hui en voix d’extinction.
S’adapter ou périr
Aujourd’hui, les Samis mettent en place des nouvelles stratégies pour s’adapter au mieux à leur nouvel habitat. Le défrichement a entraîné une réduction des zônes de pâturages pour les rennes. Il est donc courant de voir les Samis acheter des croquettes de supermarchés pour nourrir leurs rennes.
Depuis quelques années, leur subsistance dépend de plus en plus du tourisme. De nombreux villages Samis organisent des journées de groupes où les visiteurs peuvent caresser les rennes et partager un dîner avec eux. Outre la dimension lucrative, cela permet aux Samis de faire connaître leur culture et de sensibiliser à la préservation de l’environnement. Pour pouvoir vendre leur viande, les Samis font désormais appel à des outils et des équipements modernes comme des motoneiges et des téléphones portables. Malgré tout, cette activité reste parfois insuffisante à leur survie. De ce fait, beaucoup d’entre eux sont partis chercher du travail à la ville. On estime que seuls 10 % des Samis sont encore éleveurs de rennes. Ils sont aujourd’hui parfaitement intégrés dans les sociétés contemporaines et exercent des professions conventionnelles comme professeur, journaliste ou médecin.
Les modes de vie actuels des Samis ne ressemblent plus aux pratiques ancestrales. Pour autant, une véritable envie de préserver et transmettre les traditions persiste. Leur culture survit en s’adaptant aux nouvelles réalités de ce monde.