L’Union européenne investit beaucoup dans sa communication, afin que les citoyens comprennent mieux l’institution. Pourtant, l’information est souvent difficile à trouver et à comprendre, pour le grand public. La presse n’en parle pas de manière claire, le langage de l’UE est complexe et la désinformation persiste.
L’Union européenne souhaite rapprocher les citoyens des institutions. « Il y a un vrai défi de compréhension », explique Antoine* un des attachés de presse de Commission européenne. Cette dernière essaie de rendre l’information plus accessible aux médias, notamment avec un service audiovisuel, le European Broadcasting Service (EBS). Lancé en 1995, il fournit aux médias professionnels des images, sons et vidéos des institutions européennes, dans 24 langues officielles de l’UE. « Si la présidente fait une conférence de presse en Ouzbékistan, ça sera immédiatement transmis sur EBS ». Cela offre un accès direct à des informations officielles et à du matériel audiovisuel de qualité. Existe aussi le Press Corner. Il centralise les communiqués de presse, discours, déclarations et autres documents officiels récents. Ce service vise à fournir aux journalistes et au public des informations actualisées, sur les activités et les priorités politiques de la Commission. Les médias jouent un rôle essentiel, mais leur traitement de l’actualité européenne est souvent fragmenté. « L’UE est perçue comme complexe », constate Rein, journaliste pour le média flamand Belga.
Les coulisses de l’information européenne
Les relations entre l’UE et les journalistes reposent sur plusieurs niveaux d’échange. Il y a les informations dites « on the record », publiables avec attribution. Les discussions « off the record » peuvent être publiées mais sans indiquer la source. Enfin, les échanges en « background » restent confidentiels et servent plutôt à apporter du contexte aux journalistes. Cette structure hiérarchique peut freiner la transparence. Interrogée sur le contrôle des infos, l’UE évoque une « bureaucratie » avec des vérifications multiples. Ce processus conduit à des formulations complexes, impliquant une information souvent très institutionnelle. La désinformation complique ce paysage. « L’UE doit rétablir les faits », souligne un spécialiste. Face à la difficulté de distinguer les informations fiables, Enrique de la radio national espagnol Cadena SER explique : « On croise les sources, on analyse les auteurs et leurs intentions. Mais malgré cela, l’erreur reste possible. » Certains journalistes trouvent cependant la communication européenne relativement transparente. « La Commission est bien plus claire que le gouvernement espagnol », selon Enrique. Rein tempère : « Les informations sont accessibles, mais les détails manquent parfois. » Face à ces constats, il apparaît que les institutions européennes doivent repenser leur communication. L’impératif est d’adopter un langage clair et accessible pour attirer les citoyens. « L’UE doit mieux raconter son histoire », conclut Antoine*.
*Le nom a été modifié afin de garder l’anonymat de l’intervenant.
L’Europe, grande absente des discussions… et des médias
Parle-t-on de l’Europe à la machine à café ? Rarement. À chaque élections européennes, l’abstention le prouve : 49,88 % en 2019, 48,51 % en 2024. Un désintérêt qui se reflète aussi dans les rédactions. À Bruxelles, 99 journalistes français sont accrédités auprès de la Commission européenne. Cependant, ce chiffre inclut aussi des techniciens et des cadreurs. La presse écrite, autrefois dominante, s’efface. En 2005, elle représentait près de la moitié des accréditations. En 2015, seulement 26 %. Aujourd’hui ? Il ne resterait que sept journalistes français, de presse écrite, accrédités : Le Monde, Les Échos, Le Figaro, L’Opinion, La Croix, Libération. On suppose alors que les médias en ligne ont pris le relais, mais pas tous. TF1, première chaîne de télévision en France, n’a aucun journaliste accrédité à la Commission. L’Europe est souvent jugée complexe et distante. Son fonctionnement institutionnel rebute. Mais sans couverture médiatique, comment captiver le public ?