Alors que les chiffres du ministère de l’Intérieur, et ceux du rapport 2023 de SOS Homophobie, alertent sur la sécurité des personnes queers* dans les établissements scolaires, certaines associations et militants cherchent à alerter, sensibiliser et agir pour que l’école devienne un endroit plus sûr.
Les agressions envers les personnes LGBTQIA+** sont en augmentation en France. Selon une étude publiée en 2023 par le ministère de l’Intérieur, plus de 4 000 actes LGBTphobes ont été enregistrés en 2022, la majorité étant des diffamations ou des injures. Malgré la législation en vigueur depuis 2008, les actes de violence persistent. En août 2020 à Lille, cinq individus, dont trois mineurs, ont été mis en examen pour tentative d’homicide à caractère homophobe. En juin dernier, un mineur a été placé en garde à vue à Tourcoing après avoir agressé ouvertement un adolescent de 15 ans en raison de son orientation sexuelle. En 2020, une jeune fille transgenre mettait fin à ses jours. Son lycée, le lycée Fénelon, avait par ailleurs refusé qu’elle porte des jupes. Ces exemples sont malheureusement nombreux. Bien que la police ait été sollicitée pour obtenir des chiffres précis sur le nombre d’agressions à caractère LGBTphobe dans la métropole lilloise, elle n’a pas souhaité fournir de réponse.
L’école, terrain fertile à la haine LGBTphobe
Les violences ne se confinent pas dans la rue. Toujours selon le rapport de SOS Homophobie, 5 % des personnes queer sont rejetées et agressées dès leur plus jeune âge dans le milieu scolaire. Les incidents se produisent principalement au collège et au lycée, s’étendant au-delà des frontières du bahut. Le cyberharcèlement poursuit les élèves dans les couffins de leurs chambres. Côme et Alain**, un jeune couple gay, était fréquemment confronté à des insultes. « Lorsqu’on se tenait la main au lycée, on a été victime de regards hostiles et de violence verbale. » L’établissement a pris des mesures envers les élèves auteurs des insultes, organisant une séance sur la législation contre l’injure homophobe et transphobe. Pour une injure ou diffamation publique, la loi prévoit une peine encourue d’un an d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende et pour injure ou diffamation non-publique, une contravention de 1 500 € maximum.
Un escape-game sur l’histoire queer
L’Éducation nationale met en place des mesures de plus en plus concrètes pour accompagner les élèves queers. Le 17 mai 2023, à l’occasion de la Journée de lutte contre les LGBTphobies, un Observatoire académique des LGBTphobies a été créé à l’Académie de Lille, visant à lutter contre les violences homophobes et transphobes. Cependant, les écoles sont souvent démunies ou peu enclines à aborder ces questions. À 500 kilomètres de Lille, dans un lycée colmarien, ce sont les élèves qui ont initié des projets visant à lutter contre les stéréotypes et les violences liées au genre et à la sexualité. Encadrés par une assistante d’éducation, la CPE et la professeure-documentaliste, les élèves ont mis en place des ateliers. « Nous avons créé de A à Z un escape-game sur l’histoire de la communauté LGBTQIA+, de Richard Cœur de Lion à nos jours. Cela a beaucoup plu aux élèves, car c’était ludique », racontent Côme et Alain. Ces actions passent également par la mise en place des trois séances annuelles obligatoires sur les questions de sexualité et d’affectivité.
*Toute personne qui n’est ni hétérosexuel et/ou cisgenre
**Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersexe, Asexuel +
*** Les prénoms ont été modifiés